Alors que l’inflation et le ralentissement économique pèsent sur le coût du risque de plusieurs banques, CIH Bank évolue à contresens, profitant des provisionnements des années passées.
Par A. Hlimi
CIH Bank continue de grappiller des parts de marché. Quand ses dépôts augmentent de 8,3% (essentiellement à vue), ceux du marché ne font pas mieux que de 3,5%. Quand ses crédits progressent de 9,3%, ceux de la place se limitent à 3,3%.
Résultat, la banque améliore ses parts de marché de respectivement 23 points de base et 36 points de base. Au total, sur la période écoulée, 183.000 nouveaux clients ont été conquis par la banque, qui continue de revendiquer le leadership sur le digital : CIH Bank est premier en nombre de cartes actives et transactions sur Internet, premier en nombre de cartes valides à l’international, avec une part de marché de 39%, premier en cartes actives NFC et 3ème en nombre de transactions de paiement sur TPE, très au-dessus de sa position naturelle dans le secteur.
Dans ce contexte, le PNB consolidé progresse de 8,2% au premier semestre, dont une marge de crédit en hausse de 10%, alors que l’activité de marché connait un démarrage d’année record, particulièrement sur la partie devises. En face, le coût du risque recule de 5%. Idem pour le taux de créances en souffrance qui se fixe à 6,71%, soit en léger retrait. Pourtant, le marché connait une accélération des créances improductives.
«Nous avons suffisamment provisionné en 2019, 2020 et 2021 pour faire face à la situation économique actuelle», nous dit Lotfi Sekkat, PDG du groupe, à l’occasion de la présentation des résultats. Selon lui, et bien qu’il soit difficile de se projeter dans le contexte actuel, la banque ne devrait pas connaître de sursaut de la sinistralité avec le nettoyage profond apporté depuis 3 ans.
Lorsque l’on regarde les comptes sociaux, qui ne prennent en compte que l’activité de la banque sans les filiales, le coût du risque s’améliore d’une manière plus marquée, avec une baisse de 6,4%, alors que le taux de couverture des créances en souffrance par les provisions et garanties hypothécaires s’améliore, passant de 161 à 165,9%. Et Lotfi Sekkat de confier : «notre coût du risque est un niveau presque normatif. Même si je pense personnellement qu’il peut encore baisser un peu».
Stratégie de collecte Sur le plan commercial, la banque a poursuivi l’extension de son réseau, avec 4 nouvelles agences, 66 nouveaux guichets automatiques et 55 automates de dépôts. Quant aux offres, après le succès de la banque gratuite pour les jeunes, les femmes et les fonctionnaires, la banque annonce le lancement de la banque gratuite pour les séniors «Code 60» et le crédit immobilier pour les jeunes actifs «Code Sakane».
Umnia Bank sera rentable fin 2023
Umnia Bank prend du poids dans l’activité de CIH Bank. C’est le troisième contributeur au PNB du groupe après Sofac. Au premier semestre, cette banque participative a vu ses revenus augmenter de 24,4% à 90 MDH. Elle produit quasiment le double des activités de courtage de la banque et 10 fois plus que les activités immobilières, plutôt marginales. En matière de financements, Umnia Bank affiche une croissance de 12% ce semestre et contribue à la forte croissance des crédits consolidés de CIH Bank (+9%).
En matière de dépôts, la croissance de Umnia Bank est moins rapide avec 7,7%. Mais ce chiffre n’inquiète pas outre mesure le PDG de CIH Bank, qui considère que cette banque a toujours un statut de start-up dont la croissance ne risque pas de se tasser.
«Umnia Bank est une banque à part entière. Elle est indépendante financièrement et fonctionne en autonomie. Je le dis et je le répète parce que ce n’est pas le cas pour toutes les banques participatives. Nous nous attendons à ce qu’elle atteigne son Break Even (ndlr: Seuil de rentabilité) fin 2023, ce qui serait une prouesse pour un jeune établissement», promet Lotfi Sekkat.