Le marché du travail américain a montré, en novembre, des signes tangibles de ralentissement, marqués par une progression du taux de chômage à 4,6 %, son niveau le plus élevé depuis quatre ans, dans un contexte de modération continue des créations d’emplois.
Selon les données publiées mardi par le département du Travail, l’économie américaine a créé 64.000 emplois au cours du mois, un chiffre supérieur aux anticipations des analystes, qui tablaient sur 45.000 créations nettes.
En revanche, le taux de chômage s’est établi légèrement au-dessus des prévisions, lesquelles l’estimaient à 4,5 %. Cette évolution traduit un essoufflement graduel du marché de l’emploi, selon les analystes financiers.
Signe de ce ralentissement, le nombre de personnes au chômage depuis moins de cinq semaines a augmenté de 326.000 par rapport à septembre, dernier mois pour lequel des données complètes étaient disponibles. Ce chiffre représente près de la moitié des pertes d’emplois enregistrées entre septembre 2024 et septembre 2025.
Parallèlement, le nombre de personnes travaillant à temps partiel malgré leur souhait d’occuper un emploi à temps plein a progressé de 909.000 personnes, comparé à septembre. Cette tendance suggère que les entreprises privilégient des ajustements du temps de travail afin de s’adapter au ralentissement de l’activité, plutôt que des licenciements massifs.
Les statistiques de l’emploi reposent sur deux enquêtes distinctes, l’une réalisée auprès des entreprises, l’autre auprès des ménages, ce qui peut expliquer certaines divergences apparentes entre les indicateurs.
Par ailleurs, les créations d’emplois se sont concentrées principalement dans les secteurs de la santé, la construction et l’assistance sociale. À l’inverse, les secteurs de la messagerie et des transports ont continué d’enregistrer des suppressions de postes.
S’agissant de l’emploi public, le gouvernement fédéral a poursuivi la réduction de ses effectifs, dans le prolongement des restructurations engagées en début d’année. Ces mesures, mises en œuvre notamment par le Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), visaient à rationaliser l’administration fédérale et à maîtriser les dépenses publiques.
Au total, quelque 271.000 fonctionnaires ont quitté leurs fonctions depuis le mois de janvier.
Sur le plan des rémunérations, les salaires horaires sont demeurés quasi stables en novembre, n’augmentant que de 0,1 % sur un mois. Sur un an, la hausse est de 3,5%, un rythme légèrement supérieur à l’inflation, mesurée à 2,8 % selon l’indice des dépenses de consommation personnelles (PCE).
La publication de ces données pour le mois de novembre a été retardée en raison de la paralysie budgétaire (shutdown) de 43 jours survenue entre octobre et novembre, laquelle a perturbé la collecte statistique.
Le département du Travail avait ainsi renoncé à publier les chiffres d’octobre, ses services n’ayant pu mener les enquêtes requises, les données ne pouvant être reconstituées a posteriori, selon le Bureau des statistiques du travail (BLS).
Cette publication des données pour novembre intervient également moins d’une semaine après la décision de la Réserve fédérale (Fed) d’abaisser ses taux directeurs de 0,25 point, une mesure motivée par la montée des risques pesant sur le marché de l’emploi.