◆ En 2018, le Maroc a régressé dans le classement des Nations unies pour occuper le 78ème rang dans l’indice des services en ligne et 110ème dans l’indice de l’e-gov.
◆ Pour certains professionnels, le contexte pandémique est propice au bond en avant en matière d’e-gov.
Par M. Diao
Le numérique a profondément modifié les procédures administratives. Le digital a quelque part facilité la vie des citoyens, très souvent astreints à se procurer des papiers administratifs ou prendre un rendez-vous auprès d’une administration publique pour diverses raisons. Rappelons que la France, qui a mis sur la table une enveloppe de 1 milliard d’euros dans le cadre du plan de relance du secteur numérique, ambitionne de digitaliser les 250 démarches administratives les plus sollicitées à l’horizon 2022.
Qu’en est-il au Maroc, et ce sachant que la crise liée au coronavirus a montré la grande capacité du numérique à apporter des solutions dans un contexte où la distanciation physique est une nécessité pour combattre la pandémie ? Le rapport de la Cour des comptes de 2019 portant sur l’évaluation des services en ligne montre que du chemin reste encore à faire en la matière. Le document indique que le Maroc a atteint en 2014 son meilleur niveau dans le classement des Nations unies sur les services en ligne durant la période 2008-2018.
Sur un total de 193 pays, le Royaume est passé du 115ème rang en 2008 au 30ème rang en 2014. Le Maroc a évolué dans l’indice de l’egouvernement du 140ème rang en 2008 au 82ème rang en 2014. Le bémol est que cette évolution positive n’est pas constante. En 2018, le Royaume a régressé pour occuper le 78ème rang dans l’indice des services en ligne et 110ème dans l’indice de l’e-gov.
Interrogé sur cette contreperformance, Youssef El Alaoui, co-fondateur de la société technologique Mobiblanc, et ancien viceprésident général de l’Apebi, explique qu’«il faut lier les performances relayées par la Cour des comptes au fait que le Maroc, dans un premier temps, a numérisé les services publics, justifiés économiquement et simples (car ne nécessitant pas l’interaction des différentes administrations). Cela a pu se faire grâce au Plan Maroc Numéric 2013». Et de poursuivre : «Le recul du pays dans le classement de l’ONU, notamment l’egov, est dû au retard accusé sur la numérisation des services permettant de faciliter la vie aux citoyens».
Deux principaux freins
Notre interlocuteur est formel : le non-achèvement du projet Gateway interministériel a été particulièrement pénalisant pour l’avancée de l’e-gov au Maroc. A noter que la plateforme Gateway permet à l’usager de s’adresser uniquement à l’administration responsable du service demandé. Il incombe à celle-ci de demander aux autres administrations les informations nécessaires à l’accomplissement de ce service. El Alaoui expose les facteurs de blocage du projet Gateway, une plateforme pourtant indispensable à l’essor de l’e-gov au Maroc.
«Le bât blesse davantage au niveau réglementaire que technique. Il faut des lois obligeant les administrations à partager les données entre elles», soutient-il. Notons que l’absence d’un mécanisme permettant de déterminer l’identifiant unique du citoyen est aussi un obstacle de taille.