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«Le confinement peut être un facteur déclenchant de troubles psychiques»

«Le confinement peut être un facteur déclenchant de troubles psychiques»

Plusieurs personnes pourraient développer un syndrome de stress post-traumatique.

Le plus dur à supporter en période de confinement est l’incertitude.

Le point avec Sara Waliaallah, psychiatre et psychothérapeute

 

Propos recueillis par C. Jaidani

 

Finances News Hebdo : Quel est l’effet du confine-ment sur la santé mentale de la population ?

Sara Waliaallah : Le confinement est une période de stress puisqu’il y a un changement de notre mode de vie et ceci est plus manifesté chez les personnes vulnérables.En effet, chacun de nous a une capacité d’adaptation qui diffère d’une personne à une autre. Chez les personnes vulnérables, les capacités d’adaptation peuvent être dépassées et le confinement peut constituer un facteur déclenchant de plusieurs troubles psychiques, notam-ment la dépression, le trouble obsessionnel compulsif (TOC) et les attaques de panique.Les personnes qui ont le TOC de lavage devraient voir ce trouble s’accentuer avec la crise sanitaire.

La pandémie perturbe le mode de vie avec la perte de cer-taines habitudes quotidiennes comme aller au travail, sortir, voir sa famille ou pratiquer un sport; ceci retentit largement sur l’humeur, le sommeil ou sur les habitudes alimentaires.

 

F.N.H. : Qu’en est-il de l’impact sur les enfants sachant qu’ils suivent leurs cours à distance ?

S. W. : Les effets sur les enfants diffèrent par rapport aux adultes, ils n’ont pas cette notion d’angoisse de la maladie.Mais nous pouvons noter des effets de taille comme l’addiction à la télévision ou aux jeux vidéo. Pour occuper les enfants, les parents peuvent tolérer certaines restrictions comme les recommandations de ne pas avoir accès a un écran avant trois ans, pas de jeux vidéo avant 6 ans, pas d’Internet non accompagné avant 9 ans et pas de réseaux sociaux avant 12 ans.

Sans oublier l’impact de l’arrêt brutal de l’école sur les enfants, qui se trouvent loin de leurs camarades, de leurs enseignants, de leur école ou encore de leur rythme de vie quotidien, ceci en soit pourrait être angoissant pour l’enfant, d’où l’intérêt de communiquer, d’expliquer la situation et d’essayer de garder un minimum de contact social avec leurs amis.

 

F.N.H. : Le confinement est-il plus facile à vivre chez les Marocains qui sont connus pour leur chaleur fami-liale que chez les Européens par exemple ?

S. W. : Il est vrai que les Marocains sont connus pour leur chaleur familiale, même si plusieurs ménages ont tendance à s’occidentaliser. En tant que psychiatre, nous ne pensons pas qu’il y ait une différence par rapport aux autres pays du monde. Le corona-virus existe c’est une réalité, et le confinement n’a jamais été un choix. C’est une situation imposée par la pandémie qui fera que chaque personne réagira selon ses capacités à gérer ses émotions et ses capacités de gestion du stress indépendam-ment de la culture ou des traditions.

 

F.N.H. : Après la crise sanitaire, les troubles d’anxiété peuvent-ils perdurer ?

S. W. : Effectivement, le grand risque auquel nous pourrions être exposés des mois voire des années après la crise, est le développe-ment du syndrome de stress post-traumatique. Un trouble caractérisé par l’apparition de plusieurs symptômes notamment des cauchemars, des flashback, avec un évitement de tout événement ou discussions menant à ses émotions. Sans oublier la multiplication des cas de syndrome dépressif ou anxieux avec la pandémie.

 

F.N.H. : Pour atténuer l’effet de ce stress, y a-t-il un suivi psychique qui peut être collectif à travers des émissions télé, radio ou sur les réseaux sociaux ?

S. W. : Oui, il existe une cellule d’écoute de psychiatres bénévoles active tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 16h afin d’accompagner les personnes n’arrivant pas à faire face psychiquement à ce nouvel environnement dont le choc est parfois brutal. Le plus dur à supporter pour ces gens est l’incertitude. Ils ont peur de perdre leur emploi, leur activité, et redoutent l’instabilité sociale et surtout la maladie et la mort.

Pour faire face et pour apaiser cette angoisse, l’idéal est de penser au présent, se dire que la situation est temporaire, essayer de voir le confinement comme une opportunité en se fixant des objectifs pour s’améliorer, pour remettre un peu d’ordre dans son quotidien. Il est conseillé à la population de minimiser le temps d’expo-sition aux informations en relation avec le Covid-19 et essayer de les recueillir de sources fiables, de garder un contact social avec les proches et de maintenir une bonne hygiène de vie.

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