Sahara marocain : la France toujours dans la zone grise

Sahara marocain : la France toujours dans la zone grise

Les relations entre la France et le Maroc peuvent être ainsi résumées, au regard de leurs derniers développements : le tableau semble peint d'une palette nuancée, oscillant entre avancées et démarches diplomatiques prudentes. La visite officielle du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, au Maroc lundi dernier, était censée apporter un souffle nouveau. L'objectif affiché : raviver les flammes d'une coopération fructueuse, apaiser les tensions passées et tracer ensemble les contours d'un avenir commun.

Pourtant, malgré les airs de conciliation et les discours empreints de courtoisie, persistait une certaine prudence. Au mieux, a-t-on cerné une certaine volonté française de consolider, voire booster qualitativement et quantitativement la coopération économique bilatérale. Par contre, sur le front politique, les pas feutrés de Paris ont suscité des avis assez partagés : certains voient dans la posture de la France un pas timide franchi vers une reconnaissance prochaine de la marocanité du Sahara; d’autres, plus sceptiques et plus critiques, n’ont perçu aucune avancée, estimant que malgré les promesses de vouloir faire progresser le dossier du Sahara marocain, le résultat reste bien en deçà des attentes.

Qu’a dit Séjourné lors de sa courte visite ? Tout juste a-t-il réitéré le soutien «clair et constant» de son pays au plan marocain d’autonomie dans les provinces du Sud. Ce qui est quand même la moindre des choses, puisque ce soutien date, rappelons-le, de 2007. Alors quand Séjourné affirme qu’«il est temps (pour la France) d’avancer» sur cette question, ce n’est pas d’un point de vue purement politique, comme l’ont fait par exemple les Etats-Unis et l’Espagne qui ont reconnu la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces sahariennes.

Pour Paris, toujours habile dans l'art de l'équilibre diplomatique, «avancer» sur ce dossier a une connotation autre, comme clairement précisé par le chef de la diplomatie française : il s’agit de «favoriser le développement économique et social dans les provinces du Sud du Royaume». Donc résumons : la France veut accompagner le développement des provinces du Sud, mais sa position sur le Sahara marocain est la même… depuis 17 ans. Une position qui contraste avec celle d'autres acteurs internationaux (USA, Espagne…) qui ont opté pour une approche plus tranchée.

Que retenir alors de cette visite de Séjourné ? Une volonté d’apaisement et de dégel après une période de forte turbulence, avec en toile de fond moult précautions diplomatiques qui n'ont point dissipé les nuages qui planent au-dessus de la question saharienne. Et encore aujourd’hui, le sujet épineux du Sahara marocain demeure un test de la solidité des liens entre Rabat et Paris. Sauf que la France, entre ses alliances historiques et les enjeux géopolitiques contemporains, jongle avec un dossier sur lequel elle semble toujours incapable d’avoir un avis tranché. Elle reste obstinément dans la zone grise.

 

F.Z Ouriaghli

Directeur Général responsable de la Publication

 

 

 

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