NOS GENTILS MATADORS

NOS GENTILS MATADORS

On a mis de côté nos rancœurs. On a oublié les tracasseries du quotidien. On a oublié la vie chère qui dépouille les Marocains. On a oublié la Covid-19, qui continue sournoisement de frapper. On a oublié nos malheurs et nos frustrations. Bref, on a tout oublié ou presque, dans l’euphorie collective née d’une victoire. C’est fou comme le foot peut changer le visage d’un pays… en seulement 90, voire 120 minutes.

Mardi, le Maroc s’est transformé en un gigantesque sas de décompression à ciel ouvert, après la victoire des Lions de l’Atlas aux dépens de l’Espagne, à l’issue des séances de tirs au but. Pour la première fois de son histoire, le Royaume accède à un quart de finale d’une Coupe du monde.

Pour la première fois, un pays arabe figure parmi les 8 meilleurs pays d’un Mondial. Pour la première fois, un entraineur africain emmène son pays à ce niveau de la compétition mondiale. Alors, on peut comprendre aisément cette liesse populaire qui a accompagné le tir au but victorieux de Achraf Hakimi.

On peut comprendre que les Marocains aient fait la fête très tard la nuit du mardi au mercredi. Et l’on comprend tout à fait que le Roi Mohammed VI, que l’on a aperçu dans sa voiture, ait communié avec le peuple marocain, drapeau national à la main. On y adhère même. Car tout cela est historique.

Loin là-bas, au Qatar, quelques bonshommes ont réussi à faire plonger plus de 37 millions de Marocains dans un délire euphorique. Forcément, dans le Royaume, la nuit fut longue. Et, mercredi, en allant au boulot, les Marocains avaient la banane. Juste près de chez nous, de l’autre côté de nos frontières, les 47,6 millions d’Espagnols se sont réveillés avec la gueule de bois.

Oui, le foot peut être cruel  ! Mais rappelons-nous qu’en 2018, le Maroc n’a pas réussi à s’extirper des phases de poule, malgré de bonnes prestations et un nul arraché in extremis par les Espagnols, durant les arrêts de jeu (2-2). Le vent a donc tourné. Ici, des larmes de joie. Là-bas, des larmes de tristesse, de déception, d’incompréhension.

Car, dans l’arène bien verte du stade Education City d'Al Rayyan, c’est finalement le lion qui a terrassé le taureau. Les Lions de l’Atlas ont été les gentils matadors d’une Roja dont le tiki-taka fut, au bout du compte, bien stérile. Après une corrida victorieuse, nos lions ont besoin d’une bonne paella. N’est-ce pas ? 

 

 

F.Z Ouriaghli

 

 

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