La diplomatie marocaine, plus offensive, engrange des succès.
Le polisario, de son côté, accumule les revers et son soutien, l’Algérie, est actuellement davantage préoccupée par le Hirak.
D.W
Le Maroc multiplie incontestablement les succès diplomatiques. Le point d’orgue de cette réussite est l’ouverture, en seulement deux mois, de plusieurs représentations diplomatiques dans les provinces sahariennes, notamment à Dakhla et Laâyoune.
Il faut reconnaître que depuis son retour retentissant au sein de l’Union africaine, le Royaume a renforcé son assise diplomatique internationale, et plus particulièrement sur le continent.
Ce choix avisé, qui a couronné un long processus de repositionnement du Royaume sur l’échiquier africain mené avec clairvoyance et brio par le Roi Mohammed VI, a fortement déstabilisé le jeu politique sournois des adversaires de l’intégrité territoriale.
Car, en mettant un terme à une politique de la chaise vide qui a durée 33 ans, le Maroc a mis l’Algérie et son acolyte le polisario, qui ont pendant longtemps pris en otage l’institution panafricaine, dans une très mauvaise posture. C’est sous ce registre qu’il faut apprécier le fait que de plus en plus de pays désavouent la pseudo-Rasd.
Le dernier pays à s’être illustré en la matière est la Bolivie qui a décidé, lundi 20 janvier, de suspendre sa reconnaissance et de «rompre tous ses liens» avec l’entité factice.
Ce pays adoptera désormais le principe de la «neutralité constructive» à l’égard du conflit artificiel autour du Sahara marocain et «œuvrera désormais à soutenir les efforts déployés dans le cadre de l’Organisation des Nations unies, en vue d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux principes et objectifs énoncés dans la Charte des Nations unies».
Ce énième camouflet, fruit d’une diplomatie marocaine renouvelée et plus agressive, isole encore davantage le polisario, qui a perdu toute crédibilité sur la scène internationale depuis belle lurette.
Et encore davantage aujourd’hui quand on sait que son principal soutien, le régime algérien en place, est devenu moins audible sur ce dossier. D’ailleurs, il n’a toujours pas répondu officiellement à la main tendue par le Roi Mohammed VI dans son discours prononcé à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche Verte.
Le Souverain appelait ainsi «au dialogue direct et franc avec l’Algérie sœur, afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations» et à la «création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation».
Le «Hirak» en toile de fond
Ce silence bruyant traduit simplement un profond malaise au sein du régime algérien. Accepter la main tendue par le Souverain, c’est se dédire et reconnaitre officiellement qu’ils ont travesti depuis des décennies la vérité historique sur le Sahara marocain.
Continuer sur cette voie est purement et simplement un déni de l’Histoire qui entretient le statu quo autour du conflit artificiel du Sahara, alors justement que le Conseil de sécurité de l’ONU considère l’Algérie comme partie principale dans le processus politique.
Mais les caciques du pouvoir algérien ont tout intérêt à nourrir cette stratégie de «ni solution, ni conflit» afin de pouvoir poursuivre leurs basses manœuvres en manipulant un polisario aux abois, rompu aux trafics en tout genre et aux détournements d’aides destinées aux populations de Tindouf.
D’abord, ils font toujours de cette connivence étroite avec les séparatistes un «maillon» de la politique étrangère algérienne, quand bien même ils ont toujours nié devant la communauté internationale toute implication directe dans le conflit entretenu autour du Sahara marocain.
Ensuite, ils ont fait de cette alliance avec cette organisation un moyen de perpétuer des privilèges indus.
Mais pérenniser justement ces privilèges revient à asseoir encore durablement le système en place. Or, ce système en déliquescence, les Algériens n’en veulent plus.
Car dans sa quête obsessionnelle du pouvoir et des avantages qui vont avec, ce régime en est arrivé à oublier l’Algérie profonde, cette voix du peuple qui exige désormais, depuis plusieurs mois déjà, le grand nettoyage au sommet de l’Etat. Autrement dit, le départ de ceux qui, pendant des décennies, se sont partagés, entre potes, la rente des hydrocarbures, au détriment d’un peuple exaspéré par la gabegie, les passe-droits et la corruption.
Le Hirak, expression d’un ras-le-bol collectif et qui a fait de la manifestation pacifique une arme redoutable, ne faiblit pas. Ce mouvement de contestation sociale, qui bat les pavés depuis maintenant 11 mois, à réussi à faire plier Abdelaziz Bouteflika. Mais pourra-t-il faire tomber tout un système dont les racines sont profondément ancrées dans l’appareil étatique ? ◆