Il y a des jours où l'on se demande si l'actualité algérienne ne nous réserve pas une nouvelle catégorie de satire, celle où la réalité dépasse la fiction. Le dernier coup d'éclat de Monsieur Tebboune, président d'une Algérie qu'il aime à imaginer plus grande qu'elle ne l'est, a de quoi laisser perplexes même les plus créatifs des humoristes.
Lors de son dernier meeting à Oran, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a une nouvelle fois surpris tout le monde. Devant une foule acquise à sa cause – ou du moins, à défaut de mieux – il a fièrement déclaré que l'Algérie est désormais la troisième économie mondiale. Rien que ça. Selon lui, «le monde tout entier nous jalouse». Une déclaration qui a rapidement enflammé les réseaux sociaux, où les internautes n'ont pas manqué d'ironie pour commenter cette annonce quelque peu... ambitieuse.
Cette déclaration s'inscrit dans la droite ligne de celles auxquelles le président nous a habitués ces dernières années. Après avoir vanté des chiffres record sur le dessalement de l'eau de mer et proclamé l'engagement de l'armée algérienne pour construire des hôpitaux à Gaza, Tebboune ajoute une nouvelle perle à son collier de promesses flamboyantes. Le timing est, bien sûr, parfait : en pleine campagne électorale, où l'absence d’opposition et de presse libre laissent libre cours aux annonces les plus audacieuses.
Il est intéressant de noter que, selon le président, le nombre de startups en Algérie aurait explosé, passant de 200 en 2019 à...7.800 en 2024. Pour donner une idée de l’exploit, cela placerait l'Algérie devant des pays comme l’Australie, le Japon, l’Espagne, ou même la Corée du Sud. Un véritable miracle économique qui devrait logiquement susciter l'admiration de la communauté internationale. Mais étrangement, cet exploit reste relativement méconnu hors des frontières algériennes.
Et pendant que l'Algérie se rêve en géant économique, ses citoyens, eux, continuent de faire face à une réalité bien plus prosaïque : chômage, inflation, et absence de perspectives. Mais qu'importe, puisque le président a parlé. Et dans cette Algérie de l'absurde, les mots présidentiels ont visiblement plus de poids que les faits.