La feuille de route du gouvernement Akhannouch vise à donner un coup d’accélérateur à la transformation numérique au Royaume.
Par K.A
Bien qu’enclenché depuis des années, ce chantier n’a pris son envol que sous l’influence de la pandémie de la Covid-19. Présenté le 11 octobre et adopté par le Parlement deux jours après, le nouveau programme de l’exécutif propose quatre grands axes pour mettre les bouchées doubles en matière de digitalisation au Maroc.
Il s'agit, primo, de la digitalisation des secteurs de la santé et de l'éducation, avec la réduction des disparités régionales en matière d'accès. Dans ce socle de l’amélioration du capital humain, plusieurs réformes annoncées préalablement souffrent encore de lenteurs dans leur déploiement et sont pénalisées par de multiples résistances au changement.
«La digitalisation des secteurs santé et de l’éducation implique une plus grande utilisation des nouvelles technologies pour une meilleure qualité et une meilleure gestion», lit-on dans le rapport du nouveau modèle de développement (NMD). Le deuxième axe repose, quant à lui, sur l'utilisation des paiements mobiles pour la distribution des aides sociales afin de promouvoir l'inclusion financière.
«A travers le registre social unifié, nous utiliserons des programmes d'aide sociale pour encourager le paiement électronique sur une vaste échelle en effectuant les transferts par voie électronique», précise le programme présenté par le chef du gouvernement.
Le déploiement du paiement mobile à grande échelle est considéré comme une priorité stratégique par les autorités monétaires du Royaume. «L’utilisation du paiement mobile, notamment pour le règlement des transactions d’achat, représente un usage nouveau dont le développement indique un réel challenge … Cela nécessite un effort d’éducation, de sensibilisation et d’incitation assez important», analyse Bank Al-Maghrib. Avec 3,1 millions de m-wallets en 2021, le nouveau gouvernement pourra-t-il atteindre cet objectif ?
Une énorme fabrique à investir
S'agissant du troisième axe, il vise à généraliser la digitalisation de l'administration publique afin de la rendre plus efficace. Un panel de plateformes développées sont aujourd’hui efficientes, notamment pour le paiement des factures et des impôts et un certain nombre de procédures e-gov, sans oublier le dispositif d'aides sociales pour faire face aux répercussions dues à la Covid-19. La dernière enquête sur la maturité des services en ligne effectuée par le ministère des Finances sur 453 démarches électroniques auprès des 87 administrations touchées révèle que seuls 23% des services électroniques sont complètement dématérialisés.
«L’administration doit mettre davantage l’accent sur la qualité du service au citoyen en accélérant le processus de simplification des procédures administratives et leur digitalisation complète. Et permettre ainsi au citoyen d’accéder aux données publiques pour être en mesure d’évaluer régulièrement la qualité de service et d’avoir des possibilités de recours en cas de litiges ou d’abus», lit-on dans l’analyse du NMD.
Le quatrième axe consiste à fournir des services numériques à haut débit afin de réduire la fracture numérique entre la population et d'améliorer la productivité des entreprises marocaines. «La transformation numérique du pays exige une mise à niveau rapide de l’infrastructure numérique, avec la connexion à haut débit de l’ensemble du territoire, la formation de compétences en nombre important et le parachèvement du cadre légal et d’interopérabilité permettant de digitaliser les services publics de bout en bout et de renforcer la confiance numérique», recommande le rapport du NMD. Autant de défis à relever pour le nouveau gouvernement durant les cinq prochaines années.