WeXchange Forum 2025 : le tiers-secteur marocain s’affirme comme pilier de développement économique et social

WeXchange Forum 2025 : le tiers-secteur marocain s’affirme comme pilier de développement économique et social

Réunissant décideurs publics, experts, entrepreneurs sociaux et représentants associatifs, cet évènement initié par la Fondation Abdelkader Bensalah a mis en exergue l’urgence de doter le Maroc d’un cadre structurant pour transformer le potentiel du tiers-secteur en moteur durable de croissance, d’emploi et de cohésion sociale.

 

Par R. Mouhsine

La quatrième édition du WeXchange Forum, organisée par la Fondation Abdelkader Bensalah, a réuni cette semaine à Casablanca un large éventail d’acteurs du développement social, économique et institutionnel. Sous le thème «Rôle économique du tiers-secteur : révéler la force cachée», le rendez-vous a mis en lumière un constat partagé : le Maroc est à un tournant décisif de sa transition vers un modèle de croissance plus inclusif, durable et équitable.

Le Forum s’est ouvert par un keynote inspirant de Kenza Bensalah, membre du Conseil d’administration de la Fondation Abdelkader Bensalah, qui a dressé un état des lieux du tiers-secteur dans les pays en développement. À travers des chiffres précis et une lecture prospective, elle a souligné le rôle déterminant des organisations de la société civile dans la création de valeur sociale et économique, plaidant pour une «reconnaissance pleine et entière de leur contribution à la croissance nationale».

Pour sa part, Tarik Maâroufi, Directeur général de la Fondation Abdelkader Bensalah, a déclaré que «nous avons le plaisir d’organiser cette quatrième édition du Forum WeXchange, qui est un espace d’échanges entre acteurs publics et privés pour travailler ensemble sur les grands défis socioéconomiques du Maroc». Il a rappelé que cette rencontre a pour vocation de «faire émerger des solutions à fort impact au profit des communautés et des territoires les plus touchés».

Rôle économique du tiers-secteur

Cette séance inaugurale a été suivie d’un panel de haut niveau, réunissant décideurs et experts nationaux et internationaux, dont Lahcen Saâdi, Secrétaire d’État chargé de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire. Les échanges ont porté sur les leviers de structuration du tiers-secteur, les mécanismes de financement durable, et la nécessité de créer un cadre réglementaire stable pour renforcer la confiance et attirer les partenariats public-privé.

Pour les experts réunis, le tierssecteur, qui regroupe associations, fondations, coopératives et entreprises sociales, n’est plus un acteur d’appoint, mais un véritable pilier économique. Le nouveau modèle de développement (NMD) adopté en 2021 avait déjà reconnu ce rôle structurant, appelant à quadrupler sa contribution au PIB national et à créer jusqu’à 50.000 emplois par an. Les chiffres illustrent à la fois le dynamisme et les défis du secteur: le Maroc compte 187.000 associations actives, mais seules 2.500 déclarent des salariés à la CNSS, preuve d’un manque de structuration économique. Le pays abrite 60.000 coopératives, dont 7.730 exclusivement féminines, avec une participation féminine en hausse constante (32% des membres en 2023). Le CESE estime la contribution des coopératives à 1,5% du PIB, tandis que l’ensemble de l’économie sociale et solidaire représenterait entre 1% et 2% du PIB national.

«Un levier pour l’emploi et la cohésion sociale» Lahcen Saâdi a souligné la place centrale du secteur dans la réduction des inégalités : «Sa Majesté le Roi a donné ses hautes directives pour que notre pays prépare une nouvelle génération de programmes de développement. L’économie sociale et solidaire est capable de réduire les écarts entre villes et campagnes, et d’intégrer la femme rurale dans le marché du travail».

Il a rappelé que le Maroc compte plus de 60.000 coopératives, employant environ 800.000 personnes, avec une valeur ajoutée estimée à 21 milliards de dirhams. Selon lui, «un travail important reste à faire sur la loi-cadre de l’économie sociale et solidaire pour consolider cette dynamique et garantir sa pérennité».

Les échanges ont mis en évidence la nécessité d’un changement de paradigme : le tiers-secteur doit désormais être évalué non seulement sur son utilité sociale, mais aussi sur sa capacité à produire de la valeur économique durable. Cela implique de renforcer les mécanismes de financement, la gouvernance, la formation et la mesure d’impact. Comme l’a rappelé Tarik Maâroufi, «il faut désormais penser la performance solidaire comme un pilier de la performance économique».

Le Forum a également souligné l’importance d’une collaboration renforcée entre l’État, les entreprises et les organisations de la société civile pour maximiser l’impact du secteur dans les domaines clés : inclusion des jeunes, autonomisation des femmes, durabilité environnementale et cohésion territoriale.

Moroccan Social Innovation Awards

Dans la continuité du Forum, la Fondation Abdelkader Bensalah a organisé la 3ème édition des Moroccan Social Innovation Awards (MSIA), devenus en quelques années la référence nationale en matière d’innovation sociale.

Cette initiative récompense les projets à fort impact dans des domaines variés : éducation, santé, environnement, culture, inclusion et digital. Le Grand Prix 2025 a été attribué à l’Association Amal pour son projet Café des signes, premier café au Maroc créé par et pour les personnes sourdes, un modèle inspirant d’inclusion et d’autonomie. Au fil des éditions, plus d’une centaine de projets issus des douze régions du Royaume ont été accompagnés, soutenus ou accélérés, illustrant la vitalité de l’écosystème marocain de l’innovation sociale.

«Ces projets témoignent de la créativité et de la maturité de notre tissu associatif. Ils prouvent que l’innovation sociale peut être un véritable moteur de développement territorial durable», a ajouté Tarik Maâroufi en marge de la cérémonie. En quatre éditions, le WeXchange Forum s’est imposé comme une plateforme nationale de réflexion et d’action sur les enjeux du développement inclusif. Il incarne la conviction que le progrès économique ne peut se faire sans progrès social, et que la transformation du Maroc passera par la valorisation de toutes les forces vives du pays - publiques, privées et citoyennes. 

 

 

 

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