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Bourse de Casablanca : des investisseurs étrangers plus présents et plus influents

Bourse de Casablanca : des investisseurs étrangers plus présents et plus influents

L’investissement étranger à la Bourse de Casablanca a nettement regagné du terrain, soutenu par l’effet prix, dans un marché où la présence étrangère est restée globalement stable en proportion.

 

Par Y. Seddik

Après le point bas enregistré en 2022, la participation étrangère à la Bourse de Casablanca a retrouvé en 2024 des niveaux élevés de valorisation, selon les derniers chiffres de l’AMMC. Ainsi, à fin décembre, la valeur des portefeuilles détenus par les investisseurs étrangers s’est établie à 182 milliards de dirhams, en progression de 7,8% sur un an. Cette évolution intervient toutefois dans un contexte de forte appréciation du marché actions, le MASI ayant affiché une performance annuelle de +22,16%.

Dans ce cadre, la progression de l’encours, sensiblement inférieure à celle de l’indice de référence, traduit une dynamique essentiellement portée par l’effet prix, dans un marché où, par ailleurs, la présence étrangère est restée globalement stable en proportion. De fait, la part des investissements étrangers dans la capitalisation boursière globale s’est établie à 24,1% en 2024, confirmant un positionnement structurel élevé sans signal de renforcement généralisé.

Sur un horizon plus long, l’évolution de l’encours étranger demeure étroitement corrélée aux cycles boursiers. À ce titre, l’année 2022 avait marqué une correction sévère, avec une contraction de 25,36% de la valeur des portefeuilles, en ligne avec le recul du MASI (-19,75%). Depuis lors, la tendance s’est inversée. Le redressement engagé en 2023 s’est ainsi confirmé en 2024, porté par le retour d’un cycle haussier sur les actions cotées. Pour autant, la présence étrangère, bien que généralisée à l’ensemble de la cote (les 77 sociétés cotées comptent au moins un investisseur étranger dans leur capital), reste fortement concentrée. En pratique, trente valeurs affichent une détention étrangère supérieure à 10%, et douze d’entre elles concentrent à elles seules 113,4 milliards de dirhams d’investissements, soit 63% de l’encours total et 15,1% de la capitalisation boursière globale.

La présence des étrangers en chiffres

Dans le détail, six sociétés sont détenues à plus de 75% par des investisseurs étrangers, pour un montant cumulé de 51,8 milliards de dirhams, représentant 6,9% de la capitalisation. À cela s’ajoutent six autres valeurs affichant une détention comprise entre 50% et 75%, totalisant 61,6 milliards de dirhams (8,2% de la capitalisation). Par ailleurs, douze sociétés présentent une participation étrangère située entre 25% et 50%, pour un encours de 45,9 milliards de dirhams.

À l’inverse, 47 sociétés restent faiblement exposées, avec une détention étrangère inférieure à 10%, cumulant 16,4 milliards de dirhams. Sur le plan structurel, l’investissement étranger demeure largement dominé par les participations stratégiques, qui représentent 90,6% de l’encours en 2024, contre 92,2% un an plus tôt. Rapportées à la capitalisation, ces participations pèsent 21,9%, en retrait par rapport à 24,8% en 2023. Ce recul relatif s’explique toutefois davantage par l’élargissement de la capitalisation et l’évolution du flottant que par un désengagement stratégique.

En parallèle, les participations minoritaires progressent marginalement, atteignant 2,3% de la capitalisation globale et 8,2% de la capitalisation flottante. Du point de vue sectoriel, cinq segments affichent des taux de détention étrangère supérieurs à 40%. En tête, le secteur de l’électricité reste largement contrôlé par des capitaux étrangers (près de 86%), devant les télécommunications (55,6%), les boissons (55,2%), le pétrole et gaz (47,3%) et l’industrie agricole (41,3%). Deux évolutions structurantes méritent enfin d’être soulignées.

D’une part, l’émergence du secteur récemment constitué de l’industrie agricole, portée par l’introduction en Bourse de CMGP Group, avec un taux de participation étrangère de 38,7%, complété par une présence minoritaire limitée.

D’autre part, la disparition des participations stratégiques étrangères dans le secteur du transport, à la suite de la radiation de Timar. Enfin, sur le segment des participations minoritaires individuelles inférieures à 4% du capital, le secteur des matériels, logiciels et services informatiques affiche le taux de détention étrangère agrégé le plus élevé (10,8%), devant les distributeurs, les boissons et la santé, confirmant un positionnement ciblé et sélectif des investisseurs étrangers sur la place casablancaise. 

 

 

 

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