Par B. Chaou
La reprise économique dépend indubitablement de la course au vaccin. Si aujourd’hui des pays comme Israël ou l’Angleterre sont bien avancés dans leurs campagnes de vaccination et entament l’ouverture de leurs économies, d’autres sont à la traîne, ce qui risque de porter préjudice à la relance économique.
«La course vers l’atteinte de l’immunité collective sera déterminante pour la reprise économique. Par exemple, le rythme de vaccination est plus avancé aux Etats-Unis ainsi qu’au Royaume-Uni comparé à l’Europe, ce qui devrait permettre aux deux pays de rebondir plus rapidement. Au rythme actuel, les États-Unis et le Royaume-Uni atteindront l'immunité collective dès le mois de mai», nous confie Selin Ozyurt, économiste senior, responsable de la région Afrique au sein de Euler-Hermes.
Et d’ajouter : «L'Union européenne, en revanche, devrait être en mesure de vacciner sa population vulnérable d'ici l'été. L'immunité collective ne sera probablement donc pas atteinte avant l’automne, à moins qu’il y ait une accélération marquée du rythme actuel. Nous devrions certainement attendre une année supplémentaire pour rattraper l’activité perdue en Europe et retrouver notre trajectoire de croissance pré-Covid-19».
Le Maroc impacté Le retard de vaccination en Europe, premier partenaire économique du Royaume, laisse envisager un impact sur l’économie nationale qui demeure fortement dépendante de la reprise européenne. Car ce ralentissement de la vaccination reste accompagné de mesures restrictives pesant sur plusieurs secteurs, à leur tête le tourisme.
«Les restrictions sanitaires se sont endurcies en Europe depuis le début du deuxième trimestre 2021. L’économie marocaine continuera ainsi de subir les effets négatifs du ralentissement de la demande chez ses principaux partenaires commerciaux tels que l’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne. La mise en place de nouvelles restrictions et de contrôles aux frontières risque de retarder le démarrage du secteur touristique et peser sur ses perspectives de croissance», analyse Selin Ozyurt.
En outre, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique ainsi que du textile seront certainement les grands perdants du ralentissement de la demande européenne. À fin février, tous secteurs confondus, les recettes d’exportations avaient enregistré une baisse limitée à 2,5% (1,2 milliard de dirhams). Cependant, les pertes d’exportations étaient bien plus prononcées dans les secteurs plus exposés aux aléas de la pandémie, dont celui du textile et du cuir (-17%) et l’aéronautique (-22%). «Ces secteurs risquent d’enregistrer des pertes plus importantes avec la dégradation de la situation sanitaire en Europe», estime Selon Ozyurt.