Mondial 2030: Casablanca promet d’être au rendez-vous

Mondial 2030: Casablanca promet d’être au rendez-vous

Les projets structurants en cours de réalisation offrent un aperçu des contours de la métropole de demain, promettant un nouveau visage d’ici la Coupe du monde 2030.

 

Par M. Ait Ouaanna

Noyau économique du Royaume, Casablanca, à l’instar d’autres villes marocaines, se prépare à une métamorphose sans précédent en perspective de l’édition 2030 de la Coupe du monde de football, qui sera co-organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Les projets d'envergure en cours de réalisation annoncent une transformation radicale qui redéfinira le paysage urbain de la métropole et de l’ensemble de la région Casablanca-Settat. Lors d’une conférence-débat organisée, jeudi 2 mai 2024 à Casablanca par la Vie Éco, sous le thème : «Casablanca : Horizon 2030», des responsables locaux et régionaux ainsi que des patrons d’établissements publics ont dévoilé les premières esquisses de ce changement profond, dont le compte à rebours est d’ores et déjà enclenché.

Au cours de cette rencontre, les intervenants ont tous convergé vers un même constat : l’annonce de cette organisation tripartite du Mondial 2030 a agi comme un véritable catalyseur et a, par conséquent, eu un effet stimulant sur les efforts visant à accélérer les projets d'infrastructure. Dans ce sens, Abdellatif Maâzouz, président du Conseil de la région Casablanca-Settat, a souligné que l’année 2030 est désormais un horizon pour l’ensemble du pays et une échéance pour une série de projets.

«Les années à venir verront le Maroc entreprendre d'ambitieux projets de développement, surtout dans les six villes qui accueilleront la Coupe du monde, incluant en première ligne Casablanca. Avec les autres membres de l’Alliance des économistes istiqlaliens, nous avons évalué le volume des investissements matériels et immatériels prévus entre 2024 et 2030, et en prenant en considération l’ensemble des projets annoncés jusqu’au mois de janvier dernier, nous avons estimé une nouvelle injection de 1.300 milliards de dirhams», indique-t-il. Dans le même ordre d’idées, le président de la région a relevé que cet événement d’envergure constitue une opportunité exceptionnelle que les entreprises et investisseurs nationaux ne devront absolument pas rater.

Casablanca-Settat, futur hub international

Par ailleurs, Abdellatif Maâzouz a tenu à préciser qu'avant même l’annonce de l’organisation du Mondial, le Conseil s’était fixé pour ambition de positionner la région de Casablanca-Settat en tant que véritable hub international. «Pour parvenir à atteindre cet objectif, nous avons pensé à trois projets phares. D’abord, l’aéroport, ensuite une structure pour l’organisation des évènements et des expositions, et enfin l’injection de plus de visibilité à la métropole en tant que destination d’affaires. Concernant ce dernier point, des investissements colossaux sont en cours au niveau de Casablanca Finance City afin d’en faire un porte-étendard de la région et de Casablanca en particulier», indique-t-il.

La mobilité, une question pressante

Lors de son intervention, Abdellatif Maâzouz a également mis l’accent sur l’un des principaux défis auxquels fait face la région, celui de la mobilité. A cet égard, le responsable a souligné l’impératif de développer le transport public. «Nous avons mené une étude au niveau de la région qui a démontré que le taux de croissance démographique, l’évolution du pouvoir d’achat et la tendance actuelle du parc automobile, exigent absolument une solution qui rompt avec les tendances actuelles. En vue de développer le transport public, des projets ont déjà été mis en œuvre tels que le tramway et le busway, et d’autres sont actuellement en cours», informe-t-il. Dans la même veine, le président de la région a évoqué l’ambitieux projet du Réseau express régional (RER) dont bénéficiera Casablanca-Settat dans les prochaines années.

«Le train métropolitain, communément appelé RER, en partance de Benslimane, fera escale à Mohammedia et Zenata, rejoindra Casablanca et atteindra Nouaceur, en passant par la future gare prévue près de la foire de l'Office des changes. Cette gare deviendra un véritable hub de mobilité, connectant les lignes de tramway, le train métropolitain, la LGV et les trains régionaux. L’idée est de rapprocher, en termes de temps, les différents points constituant la région, tout en incitant le citoyen à préférer le transport en commun à la voiture personnelle», dévoile-t-il. Dans le même registre, Abdellatif Maâzouz a rappelé que des chantiers visant à permettre une meilleure circulation au niveau de Casablanca et sa région ont été lancés bien avant le début des préparatifs pour la Coupe du monde. Il a dans ce sens cité la délocalisation du marché de gros et de Derb Omar ainsi que l’agrandissement des espaces verts. Affirmant que la mise à niveau des stades existants a déjà démarré, Maâzouz a indiqué que 2030 est un accélérateur et un objectif boostant et motivant qui permettra au Maroc d’avancer plus rapidement.

Transport public : Vers 2 millions d’usagers par jour

Pour sa part, Nabila Rmili, présidente du Conseil de la ville de Casablanca, a mis en exergue les réalisations phares en matière de mobilité urbaine. «La ville dispose aujourd’hui de 700 bus qui transportent pratiquement 400.000 voyageurs par jour. On a mis en place un réseau de tramway qui avait démarré avant le lancement du Programme de développement du Grand Casablanca (PDGC), et qui transporte quotidiennement 200.000 Casablancais», indique-t-elle.

En dépit de ces efforts, la maire de la métropole considère que le réseau de transport demeure insuffisant. «Nous aspirons à transporter quotidiennement 2 millions de passagers à Casablanca. Pour y parvenir, les lignes T3 et T4 du tramway seront lancées dans quelques semaines. Celles-ci permettront de transporter 200.000 passagers supplémentaires. Sans oublier que le Bus à haut niveau de service (BHNS - Busway) lancé récemment a transporté en 50 jours un million de citoyens», souligne-t-elle. Et de poursuivre : «Casablanca fait face à un défi majeur, celui de compléter son réseau de transport, et le RER qui sillonnera de Benslimane à Nouaceur viendra en renfort à ce système. Ce train traversera une nouvelle gare ferroviaire qui va s’implanter à Casablanca, et sera la plus grande gare au niveau national et continental. La question du métro s’est également posée, mais l’étude n’est pas encore figée pour démontrer si la ville aura réellement besoin de ce moyen de transport», révèle-t-elle.

La maire de Casablanca a également indiqué que l’augmentation des espaces verts figure au centre des priorités fixées dans le cadre du Plan d’action communal. «En deux ans, nous avons pu créer plusieurs espaces verts et l’idée est de mettre en place un espace récréatif dans chacun des 16 arrondissements qui composent la ville». Dans ce sens, Rmili a cité l’exemple de «Hadiqat Al Hadaba Al Khadraa», un parc qui s’étend sur une surface de 12 hectares et qui a été inauguré le 24 avril dernier. Cet espace récréatif vient remplacer la décharge de Sidi Moumen, communément appelée «Zebbalet mirikane». Il s’agit, selon Nabila Rmili, d’une première au Maroc. De surcroît, la présidente du Conseil de la ville de Casablanca a évoqué un autre objectif, celui de la durabilité, notant qu’il s’agit justement de l’un des critères de sélection de la FIFA. Pour ce qui est des autres projets en cours, Rmili a cité la zone d'activité commerciale et logistique de Médiouna, le zoo de Aïn Sebaa, dont l’ouverture est prévue l’été prochain, le projet d’aquarium de Casablanca, le déplacement hors la ville des marchés de gros grâce à la mise en place d’une plateforme agroalimentaire, la nouvelle autoroute continentale Casa-Rabat, etc. Des investissements qui, selon la maire, promettent d’élever la capitale économique du Royaume au rang des grandes métropoles mondiales et d’accentuer son attractivité et son rayonnement.

 

Augmentation de la flotte aérienne

De son côté, Abdelhamid Addou, président-Directeur général de Royal Air Maroc, a déclaré : «d’ici 2030, nous ambitionnons d'augmenter plus de deux fois la taille de notre flotte, puisque nous devrions atteindre à peu près de 130 avions, dont les 3⁄4 utiliseraient l’aéroport de Casablanca de manière continue. Cela exige que nous doublions la capacité de cet aéroport, et dans ce sens, l’ONDA prévoit un nouveau terminal, avec une nouvelle piste, qui sera prêt d’ici 2030». Pour ce qui est de la connectivité avec l’aéroport, le PDG de la RAM a souligné que la LGV a prévu une gare dans le terminal de Casablanca qui permettra aux passagers un accès direct au niveau de ce dernier. Addou a également indiqué que des efforts seront entrepris en faveur du désenclavement régional. Intervenant à son tour, Youssef Belqasmi, président du Directoire de la Société nationale de réalisation et de gestion des équipements sportifs (Sonarges), a relevé que cette manifestation sportive doit être vue comme une opportunité exceptionnelle pour le développement du Maroc.

«Le Mondial va donner un coup d’accélérateur à l’ensemble des stratégies pour qu’elles puissent se déployer et afin qu’elles soient prêtes. Au-delà des infrastructures, notre pays va connaître une transformation sociétale qui sera d’une grande valeur ajoutée, sans oublier les opportunités d’affaires et de création d’emplois». Stade de Benslimane : Le plus grand au monde en termes de capacité S’agissant du projet de construction à Benslimane du Grand stade de Casablanca, Belqasmi a souligné qu’il s’agira d’un «joyau architectural exceptionnel» pour le Royaume. «La capacité d’accueil sera de plus de 115.000 sièges, ce qui fait de lui, pour le moment, le stade ayant la plus grande capacité au monde», se réjouit-il. Dans le même ordre d’idées, Belqasmi a précisé que d’autres infrastructures seront implantées autour du stade, telles que des espaces récréatifs et des espaces d’animation conçus notamment pour encourager les familles à fréquenter cet endroit, même après la Coupe du monde. Belqasmi a conclu son intervention en soulignant que toutes les conditions sont réunies pour que ce stade accueille les moments forts de la compétition, particulièrement l’ouverture et la finale. Un choix fortement désiré par les Marocains et qui demeure pour le moment en délibération. 

 

 

 

 

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