Pour l'une de ses toutes premières rencontres avec la presse après sa reconduction au poste de Ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement, et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy s'est montré disert, répondant longuement aux questions des journalistes, toujours avec la décontraction et le sens de la formule qui le caractérisent.
Un sujet en particulier l'a visiblement piqué au vif : il s'agit du dernier rapport sur le Maroc de la Banque mondiale, qui a formulé plusieurs critiques à l'égard des effets attendus de la politique industrielle menée par le Royaume, notamment la faiblesse du rendement de l'investissement sur l'emploi et la productivité.
Interrogé sur les conclusions de ce rapport, MHE a eu une réponse pour le moins inhabituelle dans la bouche d'un responsable politique : “Les rapports de la Banque mondiale ne sont pas paroles d'évangile,”, a-t-il lancé.
Pour le ministre, les responsables de l'institution de Bretton Woods, ne comprennent pas rellement ce qui est en train d'être fait au Maroc, et regarde le pays avec un logiciel ancien, et continue à proférer les mêmes généralités.
“Lorsque l'on discute avec eux (la Banque mondiale ndlr) au ministère, on se rend compte qu'ils ne comprennent pas réellement de quoi ils parlent ”, confie-t-il. Et d'ajouter : “Ce n'est pas tout de donner des leçons, encore faut-il connaitre la situation et la réalité du terrain”.
Le ministre a rappelé que depuis le lancement du plan d'accélération industrielle il y a 3 ans, ce sont 427.000 emplois qui ont été engagés contractuellement, dont 120.000 sont déjà effectifs. “C'est du jamais vu. Avant le PAI, en 10 ans, on a créé seulement 75.000 emplois industriels”.
Et de conclure : “On fait ce qu'on peut, mais moi je suis fier de ce qu'on peut”.
Il en profite pour mettre en garde contre la tentation de la sinistrose : “certains pays se sont écroulés à cause de la sinistrose, du tout est nul, tout est mauvais. De grâce, ne soyons pas contaminés”.
MHE s'est par ailleurs félicité que le cabinet Ernst & Young classe le Maroc au premier rang de l'attractivité en Afrique, damant le pion à des géants comme l'Afrique du Sud. Mais prévient-il, il ne faut pas se contenter de si peu. “On est contents 2 minutes, puis on se remet au travail, pour accéder à la ligue supérieure. Aujourd'hui nous devons nous mesurer à des pays comme la Roumanie, voire l'Espagne, c'est ça mon benchmark”.
MHE s'exprimait à l'occasion de la conférence de presse post-commission des investissements. Celle-ci, présidée jeudi par le Chef de gouvernement, a validé 51 projets pour un investissement global de 67 milliards de DH.
A.E