◆ La demande existe, mais les acquéreurs sont confrontés à différentes contraintes.
◆ Plusieurs distributeurs sont pénalisés par l’indisponibilité des véhicules.
Par C. Jaidani
La crise sanitaire a porté un sérieux coup au marché automobile. Durant la période du confinement, les ventes ont accusé des baisses record, avant de rebondir en juillet dernier. Les livraisons ont repris, réalisant au passage des croissances mensuelles à deux chiffres. Mais, au mois d’octobre, il y a eu retournement de tendance.
Ainsi, durant le mois écoulé, le nombre d’immatriculations a totalisé 13.171 unités, soit une baisse de 4,7% comparativement avec la même période de l’année dernière. S’agit-il d’une simple pause ou le marché s’inscrira-t-il dans un nouveau cycle de tendances baissières ? Interrogés à ce sujet, les avis des professionnels sont mitigés. Ils sont à la fois confiants et prudents quant aux perspectives d’avenir, notamment pour l’année 2020.
«La demande n’a pas fléchi. Notre carnet de commandes en témoigne. Mais il existe des éléments qui perturbent le marché, comme l’indisponibilité des véhicules. Les chaînes de production chez les constructeurs n’arrivent pas encore à retrouver leur vitesse de croisière. Les usines d’assemblage rencontrent encore des difficultés pour s’approvisionner chez les équipementiers qui, eux aussi, sont confrontés à des contraintes logistiques et de production chez leurs fournisseurs», souligne Hassan Bouattache, directeur commercial chez Sopriam Peugeot.
En prévision de l’Auto Expo qui devrait être organisé en mai 2020, les concessionnaires et les importateurs avaient constitué un stock. Mais, au fil des mois, il a été consommé. Sous l’effet de la crise, les constructeurs étaient incapables de monter la cadence de production et fournir leurs clients.
«Le rythme d’activité de l’usine de PSA à Kénitra est en deçà de la normale. Le nombre de Peugeot 208 fabriquées au site reste insuffisant pour répondre à toutes les demandes. PSA Maroc a une partie qu’il écoule localement et une autre qu’il exporte à l’étranger, du fait que le groupe a des engagements avec d’autres concessionnaires ou distributeurs dans le monde», indique Bouattache. Par ailleurs, il souligne que «la frilosité des organismes de financement est un autre facteur pénalisant du marché. Ils deviennent très regardants sur le profil du client et son niveau de solvabilité».
En effet, certains secteurs gros acquéreurs de voitures comme les loueurs ou les opérateurs touristiques sont classés actuellement dans la catégorie à risque. L’indisponibilité des véhicules impacte également le groupe Renault, qui dispose avec ses deux marques (Dacia et Renault) d'une part de marché de plus 43%.
Les usines de Somaca et de Tanger ont connu plusieurs arrêts d’activité avec l’apparition de foyers Covid-19. Ces faits ont perturbé l'approvisionnement adéquat du marché pour certains modèles. D'autres concessionnaires veulent profiter du renouvellement de leur gamme pour donner une nouvelle impulsion à leur activité.
C'est le cas de la marque Audi au Maroc. «Nous avons lancé plusieurs nouveaux modèles, comme la Q3, A4, A5 et A7 et d’autres sont programmés prochainement. Cela devrait conforter nos parts de marché dans les segments concernés. Nous sommes confiants pour le reste de l'année et 2021», affirme Jérome Berthod, directeur de la marque Audi au Maroc.
Dans le même ordre d’idées, Pierre-Martin Bos, PDG de FCA Maroc, distributeur des marques Fiat, Alfa Romeo, Abarth, Jeep et Fiat Professionnal, affirme qu’«il faut tirer profit de la crise pour rebondir. Nous sommes dans la logique de préserver nos parts de marché et consolider le positionnement de référence de nos marques. Pour ce faire, nous avons mis le client au cœur de la nouvelle stratégie du groupe tant sur les nouvelles configurations du véhicule à même de répondre aux attentes des clients les plus exigeants que sur la mise en place de solutions créatives et inédites de l'expérience client».