Dialogue social: le gouvernement peut-il parvenir à conclure un accord ?

Dialogue social: le gouvernement peut-il parvenir à conclure un accord ?

A peine entamées, les discussions ont débouché sur des critiques sévères. Les partenaires sociaux sont contraints de faire des choix douloureux mais stratégiques pour trouver un terrain d’entente.

 

Par C. Jaidani

Axe fondamental de son plan d’action, le gouvernement a entamé dernièrement les discussions avec les différents partenaires sociaux. Outre l’augmentation des salaires, les négociations portent également sur la loi sur la grève et la réforme des retraites. Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a pris contact avec les principales centrales syndicales  : Union marocaine du travail (UMT), Confédération démocratique du travail (CDT), Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) ainsi que le patronat. Il a souligné à cet égard qu’«en dépit d’une conjoncture difficile, le gouvernement tient à respecter ses engagements contenus dans l’accord du 22 avril 2022, et ce dans le cadre d’une approche participative».

Pour le moment, le dialogue se passe dans un climat serein et responsable. Chaque partie a formulé les grandes lignes de ses revendications. «Nous aspirons à une hausse généralisée des salaires tant dans le secteur public que privé, une baisse de l’IR et une réforme des régimes de retraite», souligne Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT. Un avis partagé par la CDT qui, par la voie de Khalid Alami Houir, secrétaire général de ce syndicat, estime que «la percée de l’inflation ces dernières années ne peut être atténuée que par la hausse des revenus des citoyens à travers l’augmentation des salaires et la baisse des impôts».

Il préconise un dialogue intense et approfondi englobant différents aspects et tenant compte des spécificités de chaque secteur. «Pour aboutir à un projet réussi au niveau du dialogue social, il faut un compromis de toutes les parties sur tous les points en discussion», affirme-t-il. Pour sa part, le patronat a appelé à la conclusion d’un accord équilibré entre les différentes parties, qui prenne en considération les intérêts de tout un chacun.

«Le dialogue social ne comporte pas uniquement l’augmentation des salaires. Il doit se pencher sur la réforme du droit de grève et de la retraite. Nous sommes pour la refonte du texte de loi régissant la relation entre l’employeur et l’employé. Nous sommes d’accord sur 70% de la mouture du texte qui n’a pas été mis dans le circuit législatif. Nous avons des réserves sur de nombreux éléments. Les syndicats, pour leur part, ne sont pas d’accord sur certaines propositions du projet de loi», indique Hicham Zouanat, président de la Commission sociale de la CGEM.

«Il est donc essentiel de négocier une mouture concertée prenant en considération les intérêts de toutes les parties afin d’assurer la pérennité du texte et sa mise en application adéquate et juste. Nous sommes pour le droit de grève qui est garanti par la Constitution, mais nous insistons pour qu’il soit bien organisé par une loi-cadre afin d’éviter les dérapages. Le mot d’ordre des enseignants observé au début de l’année scolaire et qui a duré plus de trois mois, a eu des effets néfastes sur le déroulement des études. Ce genre de scénario n’a plus raison d’être», ajoute-t-il. En effet, le projet de loi sur la grève est programmé pour l’actuelle législature. Vu son caractère social, cette loi organique va passer directement à la Chambre des conseillers.

Si le dialogue social se passe actuellement dans un climat serein, certains acteurs économiques se sont élevés pour protester contre leur non-implication dans les négociations. C’est le cas notamment de la Confédération marocaine des PME-TPE, qui a exprimé son mécontentement pour ne pas avoir été associé au dialogue social. Abdellah Fergui, président de la Confédération, a affirmé que «la hausse des salaires, notamment celui du SMIG à 5.000 DH, va impacter sérieusement les entreprises, puisque sur les 14.000 faillites d’entreprises recensées annuellement, 99% concernent les TPE -PME».

Et de poursuivre : «notre tissu est fragile et ne peut appliquer certains engagements sans avoir de la visibilité. Le gouvernement n’a pas respecté ses engagements, dont l’octroi de 20% de la commande publique aux PME-TPME». Pour trouver un compromis, le gouvernement est contraint de jouer à l’équilibriste entre les différentes parties. La hausse des salaires des fonctionnaires implique une nouvelle charge pour les finances publiques qui sont déjà mises à rude épreuve. Rappelons que pour apaiser la grogne des enseignants, l’Exécutif va devoir débloquer pas moins de 9 milliards de DH sur deux ans.

En outre, l’Etat doit respecter d’autres engagements budgétivores, notamment la reconstruction due au séisme d’Al Haouz, le programme d’investissement dans les infrastructures en prévision de la Coupe d’Afrique des nations en 2025 et la Coupe du monde en 2030, sans compter les autres chantiers structurants à gros budget, à l’image de la généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO). Dans le privé, le patronat a manifesté une certaine flexibilité quant à une possible augmentation des salaires, mais à un niveau acceptable par ses instances.

«Le coût compétitif de la maind’œuvre marocaine est l’un des avantages qui attire les investisseurs, particulièrement le secteur industriel. Le SMIG étant actuellement fixé à 3.111 DH, une hausse de 5% est plausible, mais elle devrait ne pas satisfaire les revendications de certains syndicats qui réclament un salaire minimum à 5.000 DH, soit une augmentation de plus de 60%. Cette proposition devrait être rejetée catégoriquement par le patronat ainsi que par le gouvernement, ce dernier s’efforçant de mettre en relief les avantages comparatifs du Royaume», souligne Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’Université Hassan II de Casablanca. 

 

 

 

 

 

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