Par C. Jaidani
Après une année difficile et exceptionnelle à tous les niveaux où le taux de croissance du PIB s’est soldé par un recul de 6,3%, l’économie nationale table sur une reprise à partir de 2021. Plusieurs signes de relance sont relevés au cours du premier semestre de l’année en cours, dont notamment le comportement favorable de la campagne agricole avec des résultats prévisionnels estimés à 98 millions de quintaux.
Une réalisation qui permet au pays et, surtout, au monde rural d’atténuer les effets de deux années successives de sécheresse. Plusieurs secteurs reprennent également du poil de la bête. La filière automobile a ainsi commencé à retrouver sa vitesse de croisière.
Au cours du premier trimestre 2021, elle a enregistré un bond des exportations de près de 39%. Le secteur des phosphates, activité phare de l’économie, se présente sous de bons auspices, l’OCP ayant annoncé un chiffre d’affaires d’environ 21 milliards de DH, en hausse de 16,4%. Les transferts des MRE ont, eux aussi, enregistré un bond de 41,5%. Excepté le tourisme, les autres secteurs commencent à entrevoir le bout du tunnel.
Le deuxième semestre sera l’occasion de consolider les performances et assurer une nouvelle impulsion à l’économie. «Les effets d’une bonne campagne agricole ne seront perceptibles qu’à partir du deuxième semestre 2021. Il faut savoir que 40% de la population nationale sont des ruraux qui, en majorité, pratiquent l’agriculture ou en dépendent indirectement. Même des citadins ont des revenus agricoles. Les performances de l’agriculture auront un effet notable sur les dépenses, que ce soit de consommation ou d’investissement», souligne Mohamed Amrani, économiste.
Concernant les autres secteurs, Amrani indique que «tout laisse présager que l’économie marocaine s’inscrit dans une orientation favorable, aidée par une conjoncture nationale et internationale en redressement. Les opérateurs économiques ont actuellement besoin de plus de visibilité et d’assurance. La constitution d’un nouveau gouvernement, suite aux législatives de septembre prochain, avec de nouveaux profils et compétences sera un gage de confiance et un signal fort pour les citoyens et la communauté des affaires».
Interpellé sur les tensions géostratégiques avec l’Espagne et leurs effets sur l’économie nationale, Amrani assure que «le litige est politique, mais avec des répercussions économiques. Historiquement, les conflits entre Rabat et Madrid sont de courte durée. Les deux partenaires privilégient la raison et les intérêts mutuels».
Un important flux des échanges commerciaux avec l’Europe, principal partenaire du Royaume, passe par le voisin ibérique. La décision du Maroc d’exclure les ports espagnols de l’opération Marhaba 2021 pourra réduire sensiblement le trafic maritime entre les deux pays et aura un effet sensible sur le tourisme. En dépit de la décision royale d’instaurer des prix abordables pour les MRE, les lignes maritimes à partir de France ou d’Italie seront incapables de satisfaire tous les besoins.