C’est l’une des régions les plus dangereuses au monde. C’est une véritable poudrière. Les Balkans, avec toute cette mosaïque ethnique a été depuis très longtemps, l’allume-gaz de plusieurs conflits, dont la première guerre mondiale, sans oublier le rôle joué par les Serbes dans la deuxième guerre mondiale, avant la gestion mise en place par le général Tito, sous le contrôle de l’ex-URSS dont il était le principal allié, réunissant Serbes, Croates, Bosniens, Monténégrins, Kosovars, Slovènes et même Macédoniens. Tout cela sans parler de l’impact sur l’Albanie voisine, la Bulgarie et même la Roumanie.
Aujourd’hui, vingt ans après le conflit sanglant opposant Serbes et Kosovars, les frontières entre les deux pays sont sous haute tension. En effet, cette ancienne ligne de front, entre la Serbie et le Kosovo, qui était une ancienne province serbe, des barricades ont été érigées et des coups de feu tirés sur la police. De part et d’autre, les deux camps sont prêts à en découdre rappelant au monde que le conflit dans les Balkans n’est jamais définitivement fini.
Il y a toujours une mèche quelque part, manipulée par telle ou telle puissance (ici, en l’occurrence, par le bras de fer entre la Russie et l’Otan et les USA) pour faire éclater le baril de poudre toujours prêt à la déflagration. Ceci enflamme, du coup, une région si fragile, multiethnique, avec des nationalismes exacerbés et des passifs toujours non-réglés, comme la question justement du Kosovo, toujours considérée par la Serbie comme faisant partie de son territoire, comme des zones frontalières avec la Croatie, toujours revendiquées par Belgrade, tout comme certaines régions que la Bosnie-Herzégovine comme spoliées et par les Serbes et par les Croates, après la guerre de Yougoslavie et la chute de Slobodan Milošević.
Mais que se passe-t-il cette fois entre les deux pays voisins ? Pourquoi le torchon brûle encore une fois dans cette zone, très sensible ? Tout est parti d’une décision prise par le gouvernement de Pristina. De fait, le gouvernement kosovar a acté une nouvelle politique frontalière dont les nouvelles règles obligent toute personne entrant au Kosovo avec une carte d'identité serbe de la remplacer par un document temporaire pendant son séjour dans le pays. Une mesure catégoriquement rejetée par la Serbie, qui y voit une attaque en bonne et due forme contre les minorités serbes du Kosovo. Évidemment, comme à l’accoutumée dans cette région du monde, on peut faire feu de tout bois. Il a suffi de ce prétexte pour que Belgrade monte au créneau et menace de reprendre son territoire du Kosovo, pourtant déclaré état souverain par une partie de la communauté internationale. Pour Belgrade, le Kosovo reste une province méridionale de la Serbie, tandis que le Kosovo œuvre pour être reconnu par la communauté internationale (aujourd'hui 96 États sur 193 le reconnaissent), et voit ses efforts régulièrement neutralisés par le voisin serbe depuis la fin de la guerre.
Ce qui rappelle fortement le scénario russe pour son invasion de l’Ukraine. On le disait sur cette même tribune, il y quelques mois, au début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, que cette invasion peut donner des idées à d’autres pays de revenir à leurs vieilles revendications comme c’est le cas aujourd’hui dans les Balkans. Comme cela est le cas entre la Chine et Taïwan, comme c’est aussi le cas entre l’Inde et le Pakistan. Dans ce sens, ce qui encourage ce type de menaces militaires, c’est l’immobilité de l’OTAN et des Occidentaux face à Vladimir Poutine, qui écrase toute une nation au su et au vu du monde sans la moindre intervention desdites grandes puissances.
Par contre, face aux velléités serbes, l’OTAN monte très vite au créneau et menace d’intervenir. C’est dire tout l’équilibre de forces dans le monde aujourd’hui. D’un côté une Russie condamnée par la communauté internationale mais intouchable. De l’autre, une volonté certaine de mettre le feu aux poudres dans les Balkans menaçant d’élargir la guerre à toute l’Europe de l’Est, augurant d’un conflit total, qui demeure fort possible quand on connaît le tempérament des dirigeants russes, serbes et kosovars et la facilité avec laquelle, ils peuvent embraser toute une région du monde.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste