L’article publié, cette semaine, sur l’un des portails électroniques de la chaîne britannique BBC, sous le titre «Le jeu des accusations algérien trahit une crise politique profonde», ne fait pas dans la dentelle. Pire, il fustige et tance le régime d’Alger en insistant sur une précision lourde en symbolique.
Nous pouvons y lire en substance : «si le nom officiel de l’État algérien comporte les mots « démocratique» et « populaire », il n’est ni l’un ni l’autre». Ceci a le mérite d’être limpide, ne souffrant aucune ombre .
Et ce n’est pas tout. L’auteur de cette analyse n’hésite pas à faire le parallèle avec le régime en place en Corée du Nord. L’article explique dans les détails comment le régime algérien manipule sa population, en recourant systématiquement à la loi de la matraque pour faire taire, dans le sang, toutes les manifestations et autres hiraks. Tout ça dans un pays de plus en plus fermé sur lui-même où les populations vivent dans l’oppression, sous une dictature affichée qui ne se cache pas de sa mainmise sur le pouvoir, avec des généraux, qui tiennent le pays d’une main de fer, obligeant le peuple algérien à ployer sous son joug, lui confisquant ses droits et annihilant ses libertés les plus élémentaires.
La suite de l’article de la BBC est claire : «Si vous posez la question à n’importe lequel des milliers d’individus qui sont descendus dans la rue en Algérie depuis 2019,s’ils s'accordent à dire que leur régime n’est ni démocratique ni populaire». Nous avons pu le suivre en direct, le peuple algérien qui a tant supporté est sorti manifester son ras-le-bol et sa colère pour inciter le régime à rectifier le tir et changer sa politique héritée des régimes staliniens qui ne savent de la politique que le langage de la violence et de la répression.
En effet, l’article anglais précise que ces manifestants qui ont envahi par centaines de milliers les rues algériennes, «diront que leur pays est dirigé par une escouade depuis des décennies, avec des militaires qui tiennent les rênes sous une couverture civile, tout en profitant de la manne pétrolière du pays pour s’en mettre plein les poches». Une situation qui dure, depuis l’indépendance du pays en juillet 1962, avec les mêmes tactiques politiciennes et militaires qui ont fait main basse sur les revenus en devise d’un État qui aurait pu devenir l’un des pays les plus prospères, non seulement dans la région du Maghreb, en Afrique et dans le monde arabe, mais dans le monde.
La rente pétrolière et gazière avoisine les 100 milliards de dollars, et ce malgré une baisse conséquente dans les revenus dus à l’exportation des hydrocarbures. Le ministère algérien de l’Énergie a déclaré que « Le volume global des exportations d’hydrocarbures a atteint 82,2 millions de tonnes d’équivalents pétrole en 2020, pour une valeur de 20 milliards de dollars, soit une baisse de 11 % et de 40 % par rapport à 2019 ». Ceci ne concerne que le brut, quant aux gaz, les retombées financières qu’il génère dépasse les 30 milliards de dollars.
Une manne faramineuse qui va directement sur les comptes des militaires et de leurs commis laissant le pays dans une situation précaire qui frôle le chaos. Face à cette débâcle qui touche tous les domaines de la vie et tous les secteurs économiques du pays, le régime algérien désigne constamment un persécuteur qui n’est autre que le voisin marocain.
L’article anglais souligne à cet égard : «faire du Maroc et des groupes d’opposition nationaux des boucs émissaires est une vieille tactique pour détourner l’attention sur l’échec spectaculaire du régime dans la gestion des problèmes intérieurs tels que les feux de forêt, la pandémie de la Covid-19 et le chômage». Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que l’Algérie est aujourd’hui au bord du précipice et qu’il suffit d’une étincelle pour allumer un feu inextinguible dans un pays qui a brûlé toutes ses cartes en perdant presque tous ses appuis internationaux.
Abdelhak Najib
Ecrivain-Journaliste