Le haut-commissariat au Plan (HCP) vient de publier les résultats du volet portant sur les comportements des Marocains face à la pandémie de la COVID-19, l’un des quatre modules thématiques couverts par le deuxième panel sur l’impact de cette pandémie sur la situation économique, sociale et psychologique de la population.
L’objectif principal de ce panel, mené par le HCP du 15 au 24 juin dernier auprès d’un échantillon représentatif de 2.169 ménages, consiste à appréhender l’évolution des comportements socioéconomiques et préventifs dans le contexte de la COVID-19 et à évaluer les répercussions de cette crise sanitaire sur les différentes couches de la population marocaine en termes d’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi et au revenu.
La quasi-totalité des Marocains dispose de masques de protection, les deux-tiers de produits désinfectants
Entre avril et juin, la proportion des ménages disposant de bavettes et de masques de protection s’est améliorée, passant de 73% à 97%, de 81% à 99% en milieu urbain et de 57% à 93% en milieu rural.
La proportion de ceux qui en disposent en quantité suffisante s’est élevée de 33% à 80%.
La proportion des ménages disposant de produits désinfectants est passée, quant à elle, de 49% à 68%, de 57% à 76% en milieu urbain et de 30% à 50% en milieu rural.
En juin, une bonne moitié des ménages (53%) dispose de produits désinfectants en quantités suffisantes, contre 40% deux mois avant.
La proportion des ménages ne disposant pas de produits désinfectants est de 32% en juin, contre 51% en avril.
Elle s’élève à 47% parmi les ménages ruraux, 37% parmi les ménages occupant un logement sommaire, 46% parmi les 40% les plus défavorisés, 43% parmi les ménages dirigés par un exploitant agricole et 40% parmi ceux dont le chef est un ouvrier ou manœuvre non qualifié.
Les ménages continuent unanimement à adopter les gestes barrières
Pendant le déconfinement, 95,1% des ménages continueront à adopter les gestes barrières pour se prémunir contre la COVID-19.
Les pratiques prophylactiques consistent à se laver les mains avec du savon pour 87% des ménages, porter des masques ou bavettes (78%), éviter les poignées de main et les salutations physiques(47%), garder une distance de sécurité avec les autres personnes (31%), désinfecter régulièrement les surfaces et les objets susceptibles d’être infectés (27%) et éviter les points de vente (25%).
D’autres précautions seront également adoptées : parmi elles, limiter les sorties du domicile pour 20% des ménages et éviter de toucher les objets et surfaces dans les lieux publics (13%).
En revanche, 4,9% des ménages, ou 414 mille, déclarent qu’ils n’adopteront aucune mesure préventive, 7,1% en milieu rural et 4% en milieu urbain.
Près de la moitié d’entre eux (48%) appartient aux 40% des ménages les plus défavorisés, 20% à ceux dirigés par une personne inactive, 17,2% par un ouvrier et 15% par un exploitant agricole.
9 Marocains sur 10 accepteraient de se faire dépister et vacciner
Près de 9 Marocains sur 10 (87,3%) accepteraient de faire un test de dépistage de la COVID-19 et 1 sur 10 (10,2%) le refuserait, les citadins (11,6%) plus que les ruraux (7%), les femmes (16,2%) plus que les hommes (8,7%) et les personnes âgées (14%) plus que les jeunes de 15 à 29 ans (8,3%).
Près de 2,5% des ménages, ou 213 mille, ont au moins un membre ayant subi un test de dépistage COVID-19, 3,3% en milieu urbain et 0,8% en milieu rural.
De même, si un vaccin contre la COVID-19 était disponible, 2 Marocains sur 3 (68,6%) l’auraient utilisé certainement (64,2% en milieu urbain et 78,4% en milieu rural) et 20,4% probablement (22,8% en milieu urbain et 15% en milieu rural).
Au total, 89% des ménages accepteraient d’être vaccinés, 87% de citadins et 93,4% de ruraux.
Il est à signaler que près d’un ménage sur dix (11%) refuserait, par contre, de se faire vacciner, 13% en milieu urbain contre 6,6% en milieu rural, 15% parmi les ménages dont le chef est une femme contre 10,1% parmi ceux dirigés par un homme, 15,5% parmi les 20% des ménages les plus aisés contre 8,4% parmi les 20% les moins aisés, 17,3% parmi les cadres supérieurs contre 7% parmi les ouvriers.
Propagation de la COVID-19 : 1 ménage sur 10 a un proche ou quelqu’un du voisinage atteint
Selon le HCP, il ne s’agit pas d’estimer la prévalence de l’épidémie, mais plutôt d’approcher la proximité des ménages à la COVID-19, mesurée selon 3 niveaux, à savoir le réseau familial du ménage, celui de ses connaissances et, enfin, son environnement géographique immédiat (Quartier, village, douar).
Au terme de la 3ème semaine du mois de juin, une infime minorité de 2,2% des ménages rapporte un cas confirmé de COVID-19 au sein de leurs réseaux familiaux, 5,4% dans leur environnement géographique immédiat et 1,9% parmi leurs connaissances (amis ou collègues).
On pourrait en déduire, ainsi, que 90,5% des ménages n’ont enregistré, jusqu’ici, aucun cas confirmé ni dans leurs réseaux familiaux ni dans leurs environnements géographiques immédiats ni parmi leurs connaissances. Cette proportion est plus élevée en milieu rural (94,8%) qu’en milieu urbain (88,4%).
Personnes à protéger davantage en période de déconfinement
Au lendemain du confinement sanitaire, les mesures prophylactiques de protection contre la pandémie doivent rester de mise et constituer une priorité absolue, notamment, pour les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques. A ce titre:
- 47% des chefs de ménage estiment que les personnes ayant des maladies chroniques ou respiratoires devraient rester à domicile entourées des soins nécessaires, 50,2% en milieu urbain et 38,8% en milieu rural;
- 40% considèrent que les personnes âgées doivent continuer à se protéger, comme en période de confinement, et à adopter les mesures prophylactiques requises, 38% en milieu urbain et 44% en milieu rural;
- 7% s’accordent sur la nécessité de garder les enfants à la maison et les entourer de plus de soin, 6% en milieu urbain et 9% en milieu rural.
Rendre visite à la famille, première activité envisagée après la levée du confinement sanitaire
A la veille de la levée du confinement, près de la moitié des marocains âgés de 15 ans et plus (45,7%) ont l’intention de rendre visite à leurs familles, les femmes, avec 57,3%, notablement plus que les hommes (33,8%) et les ruraux (51,8%) plus que les citadins (42,5%).
8,7% des Marocains projettent des activités de loisirs en plein air, 10,9% en milieu urbain et 4,8% en milieu rural.
Cette intention est partagée à égalité entre hommes (8,9%) et femmes (8,6%) et tend à diminuer selon l’âge, passant de 15,2% parmi les adolescents de 15 à 17 ans à 6,1% parmi les personnes âgées.
Pour 8% de Marocains, les sorties et rencontres avec les amis s’inscrivent comme premières activités envisagées après la levée du confinement, plus particulièrement par les jeunes de 18 à 24 ans (20,2%) et les adolescents de 15 à 17 ans (15,2%).
L’exercice d’activités sportives est la première chose à faire pour 5,2% de Marocains, 19,2% parmi les enfants de 15 à 17 ans.
Aller à la mosquée pour la prière est citée par 6% de Marocains comme première activité envisagée après la levée de l’état d’urgence sanitaire, particulièrement parmi les personnes âgées (15,5%) et les hommes (10%).
En revanche, 7,7% n’ont aucune intention d’entreprendre des activités sociales après la levée du confinement, 12% parmi les 20% les plus défavorisés, 11,4% parmi les exploitants agricoles et 12,2% parmi les ouvriers non agricoles.
Un ménage sur 4 compte voyager après levée de l’état d’urgence sanitaire
Le quart des ménages (26,1%) a l’intention de voyager une fois l’état d’urgence sanitaire levé, proportion qui varie de 13,1% parmi les 20% les plus pauvres à 45% parmi les plus aisés.
Il est à souligner que plus de 7 ménages sur 10 (71,5%) ne compte pas voyager pendant les prochaines vacances d’été, les ruraux plus que les citadins, respectivement 80,6% et 67,3%.
Une écrasante majorité (78,9%) des ménages ayant l’intention de voyager compte séjourner chez la famille.
Les autres options prévues sont les maisons de location (8,2%), les logements secondaires (4,1%), les centres d’estivage (3,2%) et les hôtels ou résidences hôtelières (3%).
Le manque de moyens et le risque de contamination empêchent les ménages de voyager après le confinement
Pour les ménages n’ayant pas l’intention de voyager pendant les prochaines vacances d’été, la première raison est le manque de moyens avec 39,4% des cas.
Le fait que les membres du ménage ne sont pas habitués à voyager pendant les vacances vient en deuxième position avec 26,1%, 36,1% parmi les ruraux et 38,3% parmi les 20% les plus défavorisés.
La crainte d’être contaminé par la COVID-19 constitue la troisième raison avec 15,3%, 21,1% parmi les ménages aisés et 31,2% parmi ceux dont le chef a un niveau d’enseignement supérieur.
Mesures recommandées par les ménages marocains pour relancer le tourisme national
Afin de relancer le tourisme national, plusieurs mesures sont proposées par les ménages : désinfecter et aseptiser régulièrement les sites touristiques pour 52,3% des ménages, contrôler l’application des mesures de protection dans les résidences de location (37,5%), renforcer les mesures de contrôle du personnel et des clients (34,2%), mettre les masques et les produits désinfectants à la disposition des clients (32,3%), lancer des offres promotionnelles (30,8%), réduire le nombre de clients (25,5%) et renforcer la communication afin de rétablir la confiance des clients (18%).
Près d’un ménage sur vingt anticipe un changement de logement pour minimiser les risques de contamination ou pour mieux vivre les conditions d’une éventuelle crise
96,4% des ménages (95,1% en milieu urbain et 99,3% en milieu rural) ne comptent pas changer leurs logements pour minimiser le risque de contamination ou améliorer leurs conditions de vie en cas d’une éventuelle crise sanitaire.
En revanche, parmi les 3,6% des ménages qui anticipent un tel changement, 1,2% opteraient pour un logement indépendant, 1,1% un logement dans un espace éloigné du centre-ville, 0,7% une résidence avec un espace vert et 0,6% un logement plus spacieux.
Près de la moitié des ménages a confiance en les pouvoirs publics
La confiance des ménages dans la capacité des pouvoirs publics à réussir le déconfinement varie selon les domaines d’intervention :
Pour le retour des travailleurs à leurs lieux de travail : 55% des ménages sont totalement confiants, 27,5% peu confiants et 4,8% pas du tout confiants.
Pour l’aide aux secteurs économiques les plus touchés :45,8% totalement confiants, 30,2% peu confiants et 7,5% pas du tout confiants.
Pour l’application des mesures de protection dans les lieux publics (restaurants, café, marchés...) : 50,3% totalement confiants, 28,9% peu confiants et 10,6% pas du tout confiants.
Pour assurer les meilleures conditions au déroulement des examens scolaires : 54,4% totalement confiants, 21,8% peu confiants et 3,7% pas du tout confiants.
Pour une meilleure organisation des transports en commun : 45,4% totalement confiants, 32,3 % peu confiants et 12,4% pas du tout confiants.