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Les quatre limites du modèle de développement actuel

Les quatre limites du modèle de développement actuel


Le rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), présenté mardi 25 mai 2021 par Chakib Benmoussa au Roi Mohammed VI, relève quatre nœuds qui ont été identifiés comme étant à l’origine de l’essoufflement du modèle actuel. Ainsi, le rapport souligne :

 

     1/ Le manque de cohérence verticale entre la vision de développement et les politiques publiques annoncées et la faible convergence horizontale entre ces politiques.

L’absence d’une vision stratégique globale et à long terme, partagée et assumée par tous les acteurs, ainsi que des réformes élaborées en silos, sans coordination ou référentiels lisibles, ne favorisent pas la cohérence d’ensemble autour de priorités compatibles avec les ressources réellement disponibles et les capacités effectives des acteurs.

 

     2/ La lenteur de la transformation structurelle de l’économie affectée par les coûts élevés des facteurs de production et freinée par la faible ouverture sur de nouveaux acteurs innovants et compétitifs.

Ces freins sont associés à un système de régulation peu efficient, mais aussi à des mécanismes d’incitation économique non optimisés qui réduisent la prise de risque, alimentent les logiques de rente dans les secteurs traditionnels et préservent des intérêts étroits, au détriment de l’intérêt général.

 

     3/ Les capacités limitées du secteur public à concevoir et à mettre en œuvre des services publics accessibles et de qualité dans les domaines essentiels à la vie quotidienne et au bien-être des citoyens.

Le secteur public fonctionne selon un mode centralisé, top-down, à faible logique de résultat, et ne développe pas une vision stratégique qui lui permettrait de jouer son rôle dans l’amorçage et l’accompagnement des multiples chantiers de transformation.

 

     4/ Un sentiment d’insécurité judiciaire et d’imprévisibilité qui limite les initiatives, en raison d’un décalage entre certaines lois comportant des «zones grises» et les réalités sociales vécues, d’une justice qui pâtit d’un manque de confiance, d’une bureaucratie tatillonne et de recours inopérants.

Ces nœuds sont aussi la résultante de représentations qui considèrent que le contrôle systématique et la centralisation sont les meilleurs modes de gestion du développement, que certaines parties prenantes (citoyens, jeunes, secteur privé ou société civile) ne sont pas des partenaires ables ou que les traditions sont incompatibles avec le progrès et la modernité.

 

De ce fait, en s’appuyant sur un large spectre d’analyses pluridisciplinaires, la Commission estime que le nouveau modèle de développement pourra concrétiser l’ambition du Maroc, s’il se donne la capacité et les moyens de réussir la mise en œuvre de stratégies rénovées et de réformes structurantes, de manière systémique et convergente, en cohérence avec le cap retenu, et s’il en garantit l’impact pour les populations et les territoires, avec un souci constant de solidarité et d’équité.

 

 

 

 

 

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