Des politiques qui font des promesses en l’air. Un pléonasme. En temps de crise particulièrement, ils usent et abusent des promesses pour pacifier les citoyens rebelles et les plumes braillardes. Des exemples ? Nous en donnerons juste deux. Assez significatifs :
• Le gouvernement marocain nous avait promis «une baisse sensible des prix des produits de forte consommation durant le Ramadan». Et ce, à un moment où Bank Al-Maghrib venait d’augmenter son taux directeur de 50 points de base pour juguler une inflation qui continuait de s’accélérer «sous l’effet notamment de chocs d’offres internes sur certains produits alimentaires». Il n’en fut rien. Bien au contraire. Pour les ménages marocains, ce fut plutôt un choc d’espèces sonnantes et trébuchantes : les prix des denrées alimentaires sont restés à des niveaux très élevés, laminant sérieusement leur pouvoir d’achat.
• Le gouvernement avait aussi promis une stabilisation, voire une diminution des prix des moutons durant l’Aïd Al Adha, à la faveur notamment de l’importation exceptionnelle d’ovins. Et pour assurer la réussite de l’opération, l’Exécutif avait mis la main à la poche, à travers notamment la suspension des droits de douane et de la TVA à l'importation ainsi que l'octroi d'un soutien à l'importation des ovins destinés à l'abattage à hauteur de 500 dirhams par tête. Mais au final, même si l’offre (7,8 millions de têtes) a largement couvert la demande (5,6 millions de tête), les prix des moutons sont restés hors de portée, avec des hausses allant jusqu’à 50%
Par deux fois donc, le gouvernement a fait porter des cornes aux citoyens. Se gardera-t-il de le faire une troisième fois en cette rentrée ? Pas sûr. Jamais deux sans trois, dit-on. Surtout que le dossier sur lequel il s’est engagé est très épineux : la réforme de la retraite. L’Exécutif veut clore ce dossier impopulaire durant ce mois de septembre 2023. Sauf qu’il n’a pas toutes les cartes en main : en face de lui, se dressent des syndicats vindicatifs, décidés à lui savonner la route s’il s’aventure à vouloir tripatouiller l’âge légal de départ à la retraite et les cotisations, deux points focaux de la réforme.
Une réforme qu’il faut pourtant impérativement mener à terme. Car, comme le fait observer Bank Al-Maghrib dans son dernier rapport annuel, «le retard observé dans la finalisation de la réforme des retraites ne fait qu’alourdir son coût et accentuer ainsi les réticences des partenaires sociaux et les difficultés du dialogue social».
Cette réforme «s’impose aujourd’hui comme un impératif dans un contexte moins propice, avec la crise du pouvoir d’achat et la généralisation de la couverture prévue en 2025 à près de 5 millions d’actifs additionnels, en grande partie dans des emplois informels et à faible rémunération», poursuit la Banque centrale. L’urgence est donc bien là. Mais les enjeux socioéconomiques de ce dossier incitent fortement à dire que le gouvernement ne pourra tenir dans les délais annoncés sa promesse de réforme. Ce qui fera de nous, encore une fois, des citoyens cocus. A moins d’un miracle !