Dans un environnement international chahuté par les tensions géopolitiques persistantes et les extravagances commerciales américaines, l’économie marocaine s’en tire plutôt bien. Mieux, elle semble avoir trouvé un second souffle, dopée par la reprise de l’investissement, la bonne tenue de la demande intérieure et un retour graduel à la normale sur plusieurs secteurs.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une croissance à 3,8% l’an dernier, qui devrait frôler les 4,6% cette année, une inflation de 1,1% et un déficit budgétaire qui fond doucement (de 5,4% du PIB en 2022 à 3,9% en 2024).
Et pour couronner le tout, des finances extérieures qui, malgré un léger creusement du déficit courant, tiennent bon grâce à des réserves de change équivalentes à plus de cinq mois d’importations.
Seul bémol : la situation du marché du travail, avec un taux de chômage qui s’est certes replié très légèrement entre le premier trimestre 2024 et celui de 2025, mais qui reste à des niveaux élevés : 13,3% contre 13,7% un an plus tôt. Dans ce paysage économique, les banques marocaines tiennent le haut du pavé.
C’est ce que montrent les chiffres rendus publics à l’issue de la réunion du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), tenue lundi à Rabat. En effet, le secteur coche toutes les cases de la résilience, y compris face aux stress tests les plus sévères, même si des signaux orange clignotent. Et ce, du fait notamment du taux des créances en souffrance qui est passé de 8,4% en 2024 à 8,8% en avril 2025, pour un taux de provisionnement stable autour de 68%.
Du côté des assurances, même musique rassurante. Avec un chiffre d’affaires de près de 59 milliards de dirhams, en hausse de 5,1%, et un résultat net comptable qui progresse de 2,9% en 2024, le secteur est dans une «dynamique positive». Ce tableau économique et financier globalement satisfaisant n’arrive cependant pas à invisibiliser l’éléphant qui trône au milieu du salon : le système des retraites. Structurellement déséquilibré, il est sous perfusion et toujours en attente d’une réforme qui s’éternise. Une réforme en profondeur, fondée sur un système à deux pôles.
Objectif ? Assurer la soutenabilité financière des régimes, rétablir une tarification plus juste et résorber les engagements non couverts. Une belle promesse sur le papier. Mais pour l’instant, on attend toujours la mise en musique. Et convenons que pour un gouvernement qui porte en bandoulière et revendique haut et fort le concept d’Etat social, ce serait ironique de voir, justement, l’un des principaux piliers de la protection sociale s’écrouler.
D’où l’urgence de mener cette réforme des retraites. C’est un contrat d’avenir. La repousser encore, c’est hypothéquer la crédibilité du pacte social.
Par F.Z Ouriaghli