L’inflation perdure. Persiste. S’incruste. Les Marocains tirent la gueule. Les Marocains ont les boules. Les Marocains descendent de plus en plus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol face à la cherté de la vie. Dimanche, à l’appel de la Confédération démocratique du travail, des sit-in ont eu lieu notamment à Casablanca et Rabat, en remplacement de marches initialement programmées, mais interdites.
Traduction : les citoyens ne veulent plus rester passifs devant la dégradation de leur pouvoir d’achat et signifient au gouvernement leur colère. Car les prix des denrées alimentaires en particulier restent toujours élevés, alors que le mois de Ramadan approche à grand pas. La dernière note du Haut-Commissariat au Plan indique que l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu, au cours du mois de janvier 2023, une hausse de 0,5% par rapport au mois précédent.
Comparé à janvier 2022, l’IPC a enregistré une hausse de 8,9% en janvier 2023. Et sur un an, l’indice des produits alimentaires a augmenté de 16,8%. Il faut se rendre à l’évidence : les mesures prises jusqu’à présent par l’Exécutif pour contrecarrer la hausse des prix sont jugées inefficaces par les ménages marocains, dont les plus pauvres restent les plus impactés par cette poussée inflationniste.
Pourtant, le gouvernement reste convaincu que sa méthode est la bonne, à savoir le maintien de la subvention du gaz butane, du sucre et du blé, l’aide financière accordée aux transporteurs routiers, renouvelée 9 fois sans qu’on en voit les effets, ou encore les contrôles effectués sur les prix en traquant notamment les spéculateurs. Il ne veut nullement entendre parler de l’aide directe pour le moment, comme l’ont fait plusieurs pays, à l’instar de la France, l’Espagne ou encore l’Allemagne. Il reste sourd à toutes les propositions. Le Mouvement Populaire (MP), qui a tenu le samedi 18 février courant la 13ème session de son Université populaire, en a d’ailleurs émis quelques-unes.
A côté de mesures à moyen terme, il a ainsi préconisé 10 mesures urgentes pour faire face au renchérissement du coût de la vie. Parmi elles, l’accélération de l’institution d’un soutien direct aux familles démunies, la révision de la politique d'exportation, notamment des denrées alimentaires de base pour les Marocains, tels les légumes, l’activation d'exonérations fiscales temporaires et le plafonnement temporaire des prix de certains produits de base. Le MP propose aussi l’exploitation des marges budgétaires via un décret-loi pour soutenir le pouvoir d'achat.
«Cette opération permettra de fournir un montant financier important qui sera orienté vers le soutien du pouvoir d'achat, et dans un délai record qui n'excède pas six jours», estime-t-il, rappelant que «le gouvernement a recouru à cette mesure à deux reprises, notamment pour la mobilisation de 16 milliards de DH pour soutenir la Caisse de compensation, en plus du soutien exceptionnel qu’il avait mobilisé auparavant pour soutenir l'Office national de l'eau potable et de l’électricité (ONEE)». Clairement, l’Exécutif ne manque pas d’alternatives. Il est peut-être temps qu’il change de fusil d’épaule pour apaiser la grogne sociale.
Par F.Z Ouriaghli