Le Maroc s'est engagé dans un processus de dialogue social complexe, mais crucial. A la veille du 1er mai, Fête du travail, un important pas a été franchi. Lundi, 29 avril, gouvernement et syndicats ont pu trouver un accord pour une hausse générale de 1.000 DH nets par mois des salaires des fonctionnaires du secteur public qui n’ont pas bénéficié d'une revalorisation salariale.
De même, cet accord prévoit une baisse mensuelle de l’impôt sur le revenu (IR) de l’ordre de 400 dirhams pour les fonctionnaires et les salariés des catégories à revenu moyen, ainsi qu'une nouvelle hausse de 10% du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du Salaire minimum agricole garanti (SMAG) dans les secteurs de l'industrie et du commerce, ainsi que pour les professions libérales.
Cet accord confirme les récentes déclarations de Mustapha Baitas, porteparole du gouvernement, qui a assuré une «forte volonté politique» de traiter les différentes questions en discussion avec les centrales syndicales. Mais si la question des salaires a été tranchée, d’autres points cruciaux ne semblent pas avoir été réglés pour le moment : il s’agit de la réforme du droit de grève et celle relative au système de retraite.
Sur ces deux sujets, le chef de gouvernement assure qu’il y a eu accord sur les principes de base de la mise en œuvre de la réforme des régimes de retraite et de la loi organique sur la grève, dont l'examen se poursuivra au Parlement. Une chose est sûre : les parties en négociation ont la ferme volonté de parvenir à un terrain d'entente, et que chacune tire son épingle du jeu, quand bien même les intérêts sont parfois divergents. C’est pourquoi le dialogue social s'engage, depuis ses débuts, sur une voie constructive, et cela est soutenu par deux choses :
• Primo : le gouvernement semble être à l’écoute des partenaires sociaux et met en avant le respect des engagements pris lors des précédents accords sociaux. Cette volonté affichée de respecter les termes des accords précédents renforce sa crédibilité et favorise un climat de coopération.
• Secundo : les centrales syndicales les plus représentatives, même si elles peuvent être vindicatives, ne semblent plus être dans le jusqu’auboutisme et dans cette logique du tout ou rien, comme c’était le cas il y a quelques années. Elles sont plus disposées à coopérer, à être à la recherche du bon compromis. Mais une question essentielle se pose : l’Exécutif et les centrales syndicales parviendront-ils à s’accorder sur le sujet très sensible de la retraite ? Cette réforme des régimes de retraite reste en effet un sujet délicat, impopulaire et susceptible donc de susciter des désaccords profonds.
Un dossier tellement chaud que tous les précédents gouvernements n’ont osé s’y attaquer. Le véritable test résidera dans la capacité des différents acteurs à surmonter leurs divergences et à clore définitivement ce sujet épineux. L’urgence de cette réforme commande, en tout cas, que les différentes parties accordent leur violon afin que le dossier de la retraite ne symbolise pas le point d'achoppement de ce dialogue social.
Par F.Z Ouriaghli