Blindés, bulldozers, frappes de drones, unités spéciales de police, infanterie…, l’armée israélienne a mobilisé les grands moyens pour assiéger Jénine et la débarrasser, dit-elle, des «terroristes». Pour faire face à toute cette artillerie, des jeunes qui résistent avec des armes rudimentaires et… des jets de pierres. Bilan de cette opération militaire qui a duré deux jours et qui a pris fin mercredi : 12 morts et plus d'une centaine de blessés du côté palestinien, selon le ministère palestinien de la Santé, qui qualifie cet acte «d'agression qui défie les lois internationales».
Cette offensive meurtrière de Tsahal est la plus importante depuis deux décennies en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Elle a provoqué l’exode forcé d’environ 3.000 habitants du camp de Jénine, où vivent quelque 18.000 Palestiniens. Au sein de la Ligue arabe, c’est la consternation et l’indignation. Son Conseil, réuni mardi au Caire, a d’ailleurs appelé à une action arabe urgente à travers des visites, des contacts et l'envoi de messages conjoints et bilatéraux de haut niveau au Conseil de sécurité et aux centres de décision internationaux, dans le but de mettre en œuvre les résolutions internationales relatives à l'arrêt de toutes les formes d'agressions israéliennes contre le peuple palestinien et d'assurer sa protection internationale.
Tout autant, le Maroc, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a dénoncé et condamné mardi les multiples agressions israéliennes contre Jénine, avec leurs lots de morts et de destructions. Une condamnation qui sonne comme une réponse à ceux qui doutent encore de l’engagement constant du Maroc en faveur de la cause palestinienne, malgré la normalisation de ses relations avec Israël. L’un n’empêche pas l’autre. En effet, même si les liens se sont resserrés entre le Maroc et Israël, cela n’exonère pas Rabat de dénoncer toutes les violations et agissements unilatéraux des Israéliens en Palestine. Pas plus tard que le mois dernier, Bourita dénonçait «la récente décision du gouvernement israélien d'expansion des colonies en Cisjordanie».
Le Royaume campe ainsi toujours sur sa position de principe : les négociations et le dialogue sont les seuls moyens en vue d’instaurer une paix durable et globale dans la région, dans le cadre de la solution à deux Etats, un Etat israélien et un Etat palestinien, établi sur les frontières de juin 1967, avec Al Qods Est comme capitale. Mais le contexte politique actuel en Israël conduira forcément Rabat à monter régulièrement au créneau. Surtout quand on voit que l’extrême droite et les colons ultra-radicaux, qui attisent constamment les tensions entre Juifs et Arabes, font le lit du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Par F.Z Ouriaghli