Par Fatima Ouriaghli, directrice des publications
C’est cuit pour cet exercice 2020. L’année de la Covid-19 est synonyme de sinistrose pour pratiquement toutes les économies du monde. Au Maroc comme ailleurs, on réajuste les prévisions de croissance en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique et de ses impacts sur l’économie. Et très souvent, ces réajustements se font à la baisse.
Le Royaume ne déroge pas à la règle. Bank Al-Maghrib a déjà repris sa calculette pour abaisser ses projections du mois de juin. Elle table désormais sur une contraction du PIB de 6,3% au lieu de 5,2%. Même son de cloche au niveau du gouvernement, qui reste néanmoins beaucoup plus optimiste que la Banque centrale. L’argentier du Royaume, qui a dévoilé mardi les grandes lignes du projet de Loi de Finances 2021, prévoit désormais un plongeon du PIB de 5,8% contre 5% estimés dans la Loi de Finances rectificative pour 2020.
Mais l’incertitude qui entoure ces prévisions, inhérente à une circulation active du virus et ses répercussions sur l’économie, pourrait conduire à une récession encore plus sévère. L’enjeu est donc aujourd’hui de limiter les dégâts. Surtout au regard des conséquences socioéconomiques de cette crise.
Le chiffre dévoilé par Mohamed Benchaâboun est d’ailleurs révélateur de l’immense défi à relever lors des prochains mois : le confinement a détruit 10.000 emplois par jour, soit au total près de 800.000 emplois partis en fumée. Conséquence : le taux de chômage devrait dépasser la barre des 13% à fin 2020.
Dans un pays qui traîne déjà comme un boulet un chômage structurel, il sera pratiquement impossible de résorber ce gap. Même avec une croissance attendue de 4,8% en 2021. La deuxième vague à laquelle devra faire face le gouvernement est donc bien le chômage endémique. Sa priorité sera de limiter l’hémorragie dans un environnement où la machine économique tourne à bas régime et où les entreprises sont littéralement asphyxiées.
Un exercice d’autant plus difficile qu’il y a encore deux impondérables sur lesquels il n’a aucune maîtrise : la date d’extinction de cette pandémie de la covid-19, pour laquelle il n’y a pour l’instant aucun vaccin, et la pluviométrie qui, deux années de suite, a plombé la campagne agricole