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Efficacité énergétique: «Nous devons changer d’approche, et radicalement»

Efficacité énergétique: «Nous devons changer d’approche, et radicalement»

Entretien avec Mohamed Benyahia, Directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), à l’occasion de la 9ème édition des rencontres africaines d’efficacité énergétique ?

 

Propos recueillis par D. M.

Finances News Hebdo : Au sortir de cette conférence des rencontres africaines sur l’efficacité énergétique, quelles sont les attentes l’AMEE ?

Mohamed Benyahia : Nous avons beaucoup d’attentes. Le thème central c’est l’innovation, la labélisation pour promouvoir l’efficacité énergétique dans un secteur important qui est celui du bâtiment en général, qu’il soit résidentiel ou tertiaire. Notre ambition est d’abord de mobiliser les acteurs, car l’on ne peut pas faire de l’efficacité énergétique tout seul. Il faut réunir l’ensemble des professionnels, mais également échanger les bonnes pratiques. Nous avons la chance d’avoir avec nous trois pays africains participant, à savoir la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal. Cela procède donc de cet échange de bonnes pratiques et du développement d’une coopération sud-sud, ce qui est important pour notre continent parce que nous avons des solutions adaptées à notre contexte africain.

 

F.N.H. : Pourquoi avoir choisi le thème de l’aménagement et bâtiments durables pour cette édition ?

M. B. : Tout le monde cherche la durabilité parce que malheureusement nous consommons beaucoup de ressources, nous générons beaucoup de déchets et nous consommons beaucoup d’énergie sans efficacité souvent. Si nous voulons que la vie sur terre perdure et que les humains continuent à vivre dans le confort qu’ils connaissent maintenant, nous devons changer d’approche, et radicalement. Parce que la vitesse avec laquelle nous consommons les ressources, polluons et accumulons les résidus de manière générale, est intenable. D’où l’idée d’avoir des modes de production et de consommation durables, et cela nous emmènera, au-delà de l’efficacité, à une sorte de sobriété. Avons-nous besoin de tout ce confort ? Nous sommes 8 milliards d’habitants sur terre qui vivons dans des conforts différents. Prenez les moins lotis actuellement au niveau des pays les moins avancés, dont la plupart se trouvent malheureusement dans notre continent, si vous élevez leur niveau de vie et les mettez au niveau moyen des pays développés, la planète explose. Cela sous-entend également que dans la durabilité, il y a un aspect dit de sobriété dans l’utilisation des ressources, mais également de solidarité. Voilà pourquoi l’on parle de justice climatique, de transition juste parce qu’il y va de la solidarité entre États. Et si nous n’intégrons pas ces éléments, et cela peut commencer par notre continent, l’avenir peut ne pas être radieux.

 

F.N.H. : Dans votre allocution vous avez évoqué l’aspect de l’intégration de la réglementation thermique de construction marocain (RTCM) dans le bâtiment comme un outil essentiel. Pouvez-vous nous en parler ?

M. B. : Le RTCM concerne les bâtiments. C’est un règlement qui définit les exigences pour garantir un confort minimum aux citoyens qui y logent, et cette exigence minimale est répartie sur des régions climatiques du Maroc. Nous en avons six et nous sommes en train de revisiter ce règlement car il a été élaboré il y a dix ans. Or, le climat a changé depuis et il continuera de changer. Nous reverrons tout ça et en fonction de ces zones climatiques, des matériaux que nous utilisons, le type d’habitat; il y a un confort minimum à exiger. C’est ça la réglementation thermique. Et aucune construction ne doit se faire si elle ne la respecte pas. Ce qui exige un confort minimal dans une zone climatique donnée. La difficulté se trouve dans le surcoût estimé à 3%, qui n’est pas très énorme et qui est absorbable. Nous devons renforcer la sensibilisation et la formation, mais également le contrôle pour s’assurer que ces dispositifs réglementaires sont mis en œuvre comme il se doit. Pour l’industrie, il y a un autre outil qui permet de connaître la consommation d’énergie : c’est l’audit énergétique. Il fait l’état des lieux de la consommation énergétique, définit là où il y a des gisements d’économies et un plan d’action. C’est obligatoire pour les industriels qui consomment plus de 1.500 tonnes d’équivalent pétrole par an. A ceux-là, il leur est demandé de faire ces audits et de les communiquer à l’Administration. Certains le font, mais pas tous. Il y a donc un travail de sensibilisation à faire, et c’est bénéfique et rentable pour l’industriel lui-même. Par ailleurs, une fois les gisements d’économies identifiés, il faut investir. Mais c’est difficile pour une PME d’investir. Il nous faudrait des dispositifs de financement, d’aide, d’incitation qui vont permettre la réalisation de ces investissements. Sans cela, nous n’atteindrons pas les objectifs d’économie d’énergie.

 

 

 

 

 

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