Ancien ingénieur général supervisant les structures locales d'encadrement des agriculteurs au sein du ministère de l'Agriculture, membre de l’Association Ribat Al Fath pour le développement durable à Rabat et président du Club Environnement.
La COP21 de Paris est considérée comme une réussite historique dans la mesure où elle est parvenue à faire adopter par l’ensemble des parties prenantes, un certain nombre de principes tels que la limitation de la hausse de la température de la planète à un niveau inférieur à 2°, la prise en compte de l’adaptation et le financement des pays en développement (PED) à hauteur de 100 Md de dollars. Elle a légué à la COP22 de Marrakech la charge de traduire ces principes en programmes d’actions, ce qui constitue, au fait, le plus grand défi à relever. D’où la question de savoir si le Maroc est sur la voie de réussir sa COP22. Bien entendu, la COP22 n’est pas une fin en soi, elle est bien sûr un jalon important, mais ce qui compte c’est l’après-Marrakech. Sa réussite réside donc dans la nature des actions identifiées et leur degré d’applicabilité par la suite par les parties prenantes.
Evacuons tout de suite la question de la logistique en rappelant que le gouvernement a précisé à maintes reprises qu’il a pris les mesures qui s’imposent sur le plan organisationnel afin que la rencontre se déroule dans de bonnes conditions. Concernant l’essentiel, à savoir la préparation des propositions à soumettre aux négociateurs, il faut avouer que depuis la COP21, c’est-à-dire depuis le début de 2016, le Maroc connait une mobilisation générale pour débattre de l’ensemble des sujets qui seront évoqués à Marrakech. De nombreuses rencontres ont été organisées aussi bien au Maroc qu’à l’étranger et tant par le gouvernement que par la société civile. Le premier résultat de ces rencontres est l’élévation de la prise de conscience par tous les intervenants par rapport à l’ampleur de la menace climatique et à l’intention de l’intégrer dans les politiques de mise en valeur de l’environnement et du développement durable. Cependant, et au-delà des intentions, des débats sont encore nécessaires pour mieux préciser les mécanismes de mise en oeuvre.
Dans ce cadre, la société civile met l’accent sur les trois principales questions suivantes : i/ Le modèle économique libéral, en vigueur aussi bien au niveau de la production que de la consommation, étant en grande partie à l’origine du réchauffement climatique et de l’élargissement des écarts entre riches et pauvres, n’est-il pas temps de lui apporter les ajustements qui s’imposent afin qu’il soit plus équitable et qu’il tienne compte davantage de la justice climatique ? ii/ Les pays en développement ne disposant pas des moyens financiers suffisants pour répondre à leurs besoins, font appel au financement international. Les pays développés et les bailleurs de fonds sont-ils prêts à les satisfaire, autant en termes de montants, tels que exprimés dans leurs NDC (Contributions nationales déterminées), qu’en termes de nature et de facilité d’accès (don, prêt, additionnalité, taille des projets de PME, etc..) ? iii/ La gouvernance du changement climatique, actuellement concentrée aux niveaux du système des Nations unies et des gouvernements, a montré ses limites en termes de performance, n’est-il pas temps d’impliquer davantage et de partager les responsabilités avec les collectivités territoriales et les ONG ?
Dans le cadre de cette problématique de la gouvernance et de la recherche des actions concrètes, la MedCOP Climat, organisée l’année dernière à Marseille et cette année à Tanger, par les collectivités territoriales, est une illustration parlante des possibilités et de l’intérêt qu’offre la décentralisation des pouvoirs de décision aux niveaux des régions et des communautés locales. Il en est de même pour la participation des ONG et du secteur privé pour améliorer la performance de la gouvernance à travers la politique de proximité et son appropriation par les populations. Il est espéré qu’il en sera de même pour AfricaCOP.
Les débats organisés actuellement sur les différentes thématiques du changement climatique et les initiatives prises pour améliorer la gouvernance laissent penser que le Maroc est sur la bonne voie pour réussir la COP22.