Concord (Etats-Unis), 9 nov 2019 (AFP) - L'ancien maire de New York Michael Bloomberg s'est encore rapproché vendredi soir d'une candidature à la Maison Blanche en se portant candidat à la primaire démocrate dans l'Alabama.
Le milliardaire, fondateur de l'agence d'informations financières portant son nom, n'a pas officiellement annoncé qu'il se lançait dans la course pour la présidentielle de 2020, mais a fait savoir qu'il y réfléchissait. Ce dépôt de candidature dans cet Etat du sud des Etats-Unis, l'un des premiers à clore la liste des candidats, lui permet de garder toutes les options ouvertes.
Un peu plus tôt vendredi, après l'annonce de M. Bloomberg qu'il réfléchissait à se lancer, l'ancien vice-président Joe Biden, favori de la course démocrate, a voulu se montrer confiant.
"Il est le bienvenu. Michael est un type bien", a déclaré l'ex-bras droit de Barack Obama depuis Concord, dans le New Hampshire, où il venait de déposer sa candidature officielle pour la primaire de cet Etat influent, car l'un des premiers à voter en février.
Si elle était confirmée, la présence de Michael Bloomberg dans la course serait pourtant périlleuse pour Joe Biden, en perte de vitesse à trois mois du premier scrutin. Les deux hommes jouent tous les deux au centre.
Jurant n'avoir "aucun problème" avec l'éventuelle entrée en piste de Michael Bloomberg, M. Biden s'est présenté en meilleur rempart pour empêcher Donald Trump de décrocher un second mandat dans un an.
"J'étais bien en avance dans les derniers sondages que j'ai regardés", notamment dans les Etats clés pour remporter la Maison Blanche, aussi "bien face à Trump" que face aux nombreux candidats à l'investiture démocrate, a-t-il souligné.
Lui aussi milliardaire et septuagénaire, le président américain a réagi avec dédain à une possible candidature de Michael Bloomberg.
"Le petit Michael échouera", a-t-il assuré en référence à la taille du milliardaire, environ 1,70 m. "Je pense qu'il va en fait nuire à Biden", a-t-il ajouté.
M. Bloomberg, 77 ans, avait justement annoncé en mars qu'il renonçait à se présenter pour, entre autres, ne pas saper les chances de M. Biden, 76 ans. Son revirement apparaîtrait donc comme un signal clair qu'il doute sérieusement des chances de Joe Biden.
Il "craint de plus en plus que le groupe actuel de candidats ne soit pas en bonne position pour y arriver", a indiqué Howard Wolfson, conseiller de M. Bloomberg.
L'une des dix plus grandes fortunes du monde, avec plus de 50 milliards de dollars selon le magazine Forbes, M. Bloomberg serait prêt "à dépenser ce qu'il faudra pour battre Donald Trump", a indiqué vendredi le site politique Axios.
Ira, ira pas ? Par le passé, M. Bloomberg a déjà plusieurs fois entendre qu'il pourrait viser la Maison Blanche, avant de renoncer.
Entré en campagne directement en tête des sondages en avril, M. Biden reste le favori parmi les 17 candidats en lice pour la primaire démocrate, mais il a vu son avance largement entamée par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, qui inquiète Wall Street.
Elle est suivie dans les sondages par le sénateur indépendant Bernie Sanders puis, en quatrième place, par le centriste Pete Buttigieg qui pourrait aussi voir ses chances perturbées par une entrée en lice de M. Bloomberg.
C'est justement parce qu'il est inquiet de voir que la course à l'investiture démocrate pourrait mettre le cap trop à gauche avec Elizabeth Warren et Bernie Sanders que Michael Bloomberg (ré)envisagerait de se présenter.
"La candidature de M. Biden n'est plus aussi solide qu'au début et si M. Bloomberg s'attire le soutien des centristes du parti démocrate, cela sera[it] un fort signal pour M. Biden que le parti ne pense pas non plus qu'il est le bon candidat", analyse Jason Mollica, professeur en communication à l'American University.
M. Bloomberg doit encore "démontrer qu'il peut véritablement s'attirer assez de soutien pour nuire à Biden, ou à tout autre", nuance Kyle Kondik, politologue à l'université de Virginie.
Maire de New York pendant 12 ans, Michael Bloomberg est très actif dans la lutte contre le changement climatique, et il a dépensé des millions pour soutenir des candidats démocrates lors d'élections locales.
Mais alors qu'il s'est par le passé revendiqué indépendant et républicain, ce modéré pourrait avoir du mal à rallier les suffrages des électeurs progressistes.