Groenland, Canada, canal de Panama : depuis sa victoire à la présidentielle américaine, Donald Trump multiplie les déclarations percutantes. Devenu le 47ᵉ président des États-Unis le 5 novembre 2024, il semble vouloir reconfigurer les frontières du monde afin de placer l’Amérique au sommet.
Mais ces ambitions expansionnistes relèvent-elles d’une stratégie réelle ou d’un simple spectacle médiatique ? Quelques jours après l’annonce de la démission de Justin Trudeau, Donald Trump n’a pas hésité à frapper fort. Sur son réseau Truth Social, il a proposé que le Canada devienne le 51ᵉ État des États-Unis. «Ensemble, quelle grande nation nous formerions», a-t-il écrit, enchaînant les points d’exclamation. Ce n’est pas la première fois qu’il se moque de son voisin du Nord en le traitant comme un protectorat américain.
Trump ne s’est pas arrêté là. Le Groenland, qu’il décrit comme «une nécessité stratégique», est à nouveau au cœur de ses ambitions. Quant au canal de Panama, il menace d’en reprendre le contrôle et dénonçe les «droits ridicules» imposés aux États-Unis pour le passage des navires. Des propos qui ont rapidement suscité des réactions outrées à Copenhague, Ottawa et Panama City.
Provocations ou stratégie géopolitique ?
Derrière l’apparente folie des déclarations de Trump, une logique émerge. Le Groenland, riche en hydrocarbures et point névralgique face aux ambitions russes et chinoises dans l’Arctique, est une carte essentielle dans la stratégie américaine. Le canal de Panama, vital pour le commerce global, est un levier de pression évident dans la rivalité économique avec Pékin.
Mais le style trumpien reste fidèle à lui-même : provoquer pour négocier.
Comme l’explique Richard Johnson, politologue américain, «ces revendications extravagantes servent d’abord à capter l’attention médiatique, mais elles ont souvent un sous-texte stratégique.» Pour Trump, ce sous-texte semble être un message clair : il veut restaurer une Amérique conquérante et sans concessions.
Le pari risqué d’un unilatéralisme assumé
Les déclarations de Trump ne se limitent pas aux appels à la négociation. Lors de sa conférence de presse à Mar-a-Lago, il n’a pas exclu le recours à la force militaire ou économique pour atteindre ses objectifs. Cette posture unilatérale, alignée sur son credo «America First», a toutefois des limites évidentes.
Les dirigeants des pays visés n’ont pas tardé à répondre. Justin Trudeau, tout juste démissionnaire, a déclaré : «Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des États-Unis.» À Panama, les autorités ont fermement rappelé que la souveraineté du canal était «inviolable».
Ces rejets catégoriques mettent en lumière une possible conséquence de cette approche : un isolement croissant des États-Unis sur la scène internationale. Pour ses partisans, Donald Trump incarne une Amérique audacieuse et prête à défier les normes internationales. Pour ses critiques, ces revendications ne sont qu’un écran de fumée destiné à détourner l’attention des problèmes domestiques du pays.
Mais au-delà des polémiques, une question demeure : jusqu’où Trump est-il prêt d’aller ? Avec un seul mandat à courir, il pourrait être tenté de pousser ses ambitions plus loin. L’idée d’un empire américain n’est peut-être qu’un fantasme, mais elle rappelle l’essence même du style Trump : une capacité à diviser, captiver, et monopoliser l’attention mondiale, quoi qu’il en coûte.
Par K.A