Le gouvernement mène un train de vie élevé par rapport à ses capacités financières.
Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer la mauvaise gestion de ce poste.
C.J
Selon un rapport présenté devant le Parlement, le parc de l’Etat continue de peser lourdement sur les finances publiques avec une enveloppe de 4 milliards de DH entre 2018 et 2019.
Concernant les charges, le parc de l’Etat a englouti 2 milliards de DH de carburant entre 2018 et 2019. Durant la même période, son entretien s’est chiffré à 960 MDH. Ce qui est plutôt paradoxal, puisque le gouvernement a dans le même temps dépensé 560 MDH de frais de transport en dépit de l’existence de cette flotte imposante.
Plusieurs membres de la classe politique et de la société civile sont montés au créneau pour dénoncer le parc budgétivore de l’Etat.
«Le gouvernement présidé par le PJD a fait de la bonne gouvernance son slogan. Les finances de l’Etat sont mises à rude épreuve et les allocations allouées à certains postes dont l’effet socioéconomique est confirmé, ont été rationnalisés à l’image du budget de la Santé, de l’Education ou de l’Equipement. Pourquoi dès lors ce laisser-aller sur la flotte de l’Etat», dénonce Omar Cherkaoui, professeur de sciences politiques à la Faculté des sciences économiques et juridiques de Rabat-Agdal. Et d’ajouter que «l’Etat mène un train de vie au-dessus de ses moyens. L’enveloppe allouée à la flotte automobile pourrait être déployée dans d’autres domaines plus bénéfiques pour les Marocains».
Durant la période 2010-2013, la politique d’austérité menée par le gouvernement avait donné ses fruits. La publication de plusieurs rapports alarmants de la Cour des comptes avait contraint l’Exécutif à revoir sa stratégie dans le domaine. Résultats : les dépenses liées aux acquisitions de véhicules avaient alors été réduites de 44%.
Driss Azami, ministre du Budget de l’époque, expliquait que «la bonne gestion du parc et un contrôle rigoureux des charges y afférentes ont permis de maîtriser ce poste budgétaire». Mais ces dernières années, force est de constater un retour aux anciennes pratiques.
Omar Balafrej, député de la Fédération de la gauche démocratique, rappelle que «le parc roulant imposant du service public est une pratique héritée du système colonial français pour donner du prestige aux fonctionnaires et autres hauts commis de l’Etat». De nos jours, estime-t-il, cet état d’esprit n’a plus raison d’être. Il faut mener des études plus approfondies sur le sujet, identifier les différents dysfonctionnements et proposer des solutions.
«Une partie des véhicules est déployée pour servir les intérêts personnels. Les réseaux sociaux relatent des cas de ce genre tous les jours surtout chez les collectivités locales», affirme Balafrej.
«Le budget pour l’acquisition d’une ambulance, un bus scolaire ou un véhicule d’assistance sociale est totalement justifié. Mais comment peut-on accepter l’achat d’une voiture premium ou un SUV dont le prix dépasse 400.000 DH pour le président ou les autres membres du bureau communal. Malheureusement, ces exemples sont courants; le plus souvent chez des communes pauvres et démunies de ressources», déplore notre interlocuteur.
Il est donc essentiel de revoir la réglementation concernant le parc de l’Etat, d’encadrer les acquisitions et de fixer certains barèmes en matière de prix et de motorisation.
Au niveau de l’utilisation, les trajets empruntés doivent être strictement restreints à des utilisations purement professionnelles à l’instar de ce qui se fait dans les pays développés où tout dérapage entraîne de lourdes sanctions. ◆