«Malgré tous les efforts, le Maroc reste exposé à la cybercriminalité»

«Malgré tous les efforts, le Maroc reste exposé à la cybercriminalité»

La lutte contre la cybercriminalité demande un effort et des investissements constants de la part des gouvernements et des entreprises. 

Des menaces telles que la compromission d’adresses e-mail professionnelles et les attaques ciblées provoquant des fuites de données se sont intensifiées récemment. 

Tour d’horizon avec Gauthier Vathaire, Brand marketing manager chez Bitdefender, éditeur international de solutions de cybersécurité. 

 

Propos receuillis par K.A

 

Finances News Hebdo : Un pays comme le Maroc est-il en mesure de faire face aux potentielles attaques de cybersécurité ? Existe-t-il des disparités entre les régions du monde à ce sujet ? 

Gauthier Vathaire : Le Maroc a déployé une stratégie nationale importante en ce qui concerne la cybersécurité. Il a mis en place la Direction générale de la sécurité des systèmes d’Information (DGSSI), le Centre marocain d’alerte et de gestion des incidents informatiques (maCERT) ainsi qu’une Commission nationale de contrôle de la protection des données personnelles (CNDP). 

Des lois ont également été mises en place, comme par exemple la loi 07-03 concernant les atteintes aux systèmes de traitement automatisé des données. Enfin, le Maroc a également adhéré à la Convention de Budapest pour lutter contre la cybercriminalité et améliorer la coopération des pays dans cette lutte. 

Malgré tous les efforts du Maroc en matière de cybersécurité, il reste un pays exposé. De nombreux efforts sont encore nécessaires pour lutter contre la cybercriminalité, sécuriser les systèmes d’information et sensibiliser le grand public, notamment avec l’explosion des nouveaux services numériques (streaming, achats en ligne, banque en ligne, …) et les usages d’Internet au quotidien. 

La lutte contre la cybercriminalité demande un effort constant et un investissement important pour les gouvernements et les entreprises. C’est pourquoi il existe aujourd’hui de fortes disparités dans le monde. Les particuliers doivent également être régulièrement informés et sensibilisés. 

 

F.N.H. : Quelles sont les menaces auxquelles les entreprises doivent faire face aujourd’hui ? 

G. V. : Les entreprises font face à de nombreux types de menaces, mais la plupart sont liées au comportement humain. Les ransomwares (ou ‘rançongiciel’, un logiciel informatique malveillant prenant en otage les données, en échange d’une rançon sous forme d’une clé chiffrée) continuent de menacer les départements IT des entreprises. 

Mais des menaces telles que la compromission d’adresses e-mail professionnelles et les attaques ciblées provoquant des fuites de données se sont intensifiées récemment. 

L’Internet Crime Complaint Center (IC3) a compilé l’ensemble des plaintes en 2019. Sur un total de pertes estimées à plus de 3,5 milliards de dollars, la compromission d’adresses e-mail a généré à elle seule plus de 1,7 milliard de pertes. 

Les fuites de données ont atteint un pic en 2019. En début d’année, plus de 6 milliards de données personnelles ont été divulguées. 

En parallèle, le secteur de la santé est constamment menacé par des ransomwares qui utilisent maintenant les fuites de données et des identifiants pour se connecter directement aux infrastructures des professionnels de santé pour les infecter manuellement. 

 

F.N.H. : Quels sont les éléments clés à surveiller pour mieux prévenir les cyber-risques qui alarment les SI ? 

G. V. : Le facteur humain joue un rôle clé dans les phases du piratage «kill chain». La sensibilisation et la formation des employés à la cybersécurité sont devenus des éléments critiques pour la sécurité des entreprises. 

En parallèle, les réseaux d’entreprises sont de plus en plus diversifiés ; une mauvaise configuration peut alors avoir de sévères conséquences. Des technologies telles que l’Endpoint Risk Analytics (ERA) peuvent aider les professionnels de l’IT à identifier et remédier de nombreux risques au niveau du réseau ainsi qu’au niveau du système d’exploitation. 

D’autres technologies, telles que le Network Analytics, Cloud Threat Intelligence ou le Machine Learning permettent d’apporter plus de visibilité au niveau du réseau et d’analyser le trafic pour détecter des attaques avancées en amont et les bloquer. 

 

F.N.H. : Il y aurait actuellement des milliards d'objets connectés en circulation dans le monde. Pourquoi la sécurité IoT doit être prise au sérieux ? 

G. V. : Selon Gartner, plus de 20,4 milliards d’objets seront connectés à Internet. La sécurité IoT est un sujet critique. En effet, le rôle principal des objets connectés est de servir de trackers ; ils récoltent en permanence 

des données dans le but de rendre service aux particuliers, aux entreprises, mais aussi aux institutions gouvernementales. Ces données, lorsqu’elles ne sont pas anonymes, peuvent alors être interceptées et détournées de leur usage légitime. Il y a donc un besoin réel de protéger toutes ces nouvelles données récoltées, qui transitent et qui sont stockées sur des serveurs.

D’autres objets, comme des caméras, peuvent également être très simplement piratés en exploitant des failles matérielles ou logicielles. Les personnes malveillantes peuvent ainsi obtenir l’accès aux flux audio ou vidéo. Dans le cas d’une serrure connectée, il est alors possible de la déverrouiller.

Enfin, un objet connecté peut également servir de vecteur pour attaquer d’autres appareils au sein d’un réseau ou sur Internet. C’est par exemple le cas des botnets. Il s’agit d’un ensemble d’objets connectés dont le pirate obtient le contrôle total, et avec lequel il peut mener des attaques à grande échelle sur les réseaux.

 

F.N.H. : Pourriez-vous nous expliquer quelle est la relation entre intelligence artificielle et cybersécurité ?

G. V. : Chez Bitdefender, nous investissons massivement dans l’intelligence artificielle depuis des années et ce n’est donc pas une nouveauté pour nous, cette composante était rapidement devenue indispensable dans notre approche de la cybersécurité.

Aujourd’hui, selon AV-TEST, il y a plus de 350.000 nouveaux logiciels malveillants qui apparaissent chaque jour. L’intelligence artificielle, le Machine Learning, le Cloud et les technologies d’analyse comportementale sont des technologies dont la combinaison est devenue indispensable pour pouvoir lutter efficacement contre ces nouvelles menaces.

Les bénéfices de l’intelligence artificielle dans la cybersécurité sont nombreux. L’IA permet d’améliorer la capacité de détection des technologies de protection antimalware, d’anticiper et de bloquer des menaces et des attaques avant même qu’elles n’atteignent leur cible. 

La puissance des infrastructures de traitement cloud de Bitdefender est capable de traiter bien plus de 10 milliards de requêtes par jour, toutes les données brutes sont ainsi traitées en temps réel et contribuent à renforcer notre expertise en matière de cybersécurité et la sécurité de nos utilisateurs. 

 

 

 

 

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