Par Y. Seddik
L’an dernier, au moment de clôturer leurs comptes au premier trimestre, les banques, comme l’ensemble des entreprises cotées, étaient en pleine panique à cause de la pandémie : l’économie était torpillée de toutes parts et beaucoup d’entreprises étaient alors forcées de fermer leurs portes. On était, il faut se le rappeler, au bord du cataclysme et encore bien loin de penser à une solution vaccinale à grande échelle. Aujourd’hui, les banques sortent d’un premier trimestre avec de nettes empreintes de reprise.
Comme en dénotent leurs résultats trimestriels. Sur ces trois premiers mois de l’année, l’ensemble du secteur a en effet dégagé 2,49 milliard de DH de profits, avec des hausses qui oscillent entre 21% et 261%, par rapport à la même période de l’année dernière. De grosses variations portées principalement par un effet de base (la non-récurrence des dons Covid), mais aussi par un redressement vigoureux de l’activité. La première banque par la capitalisation, Attijariwafa bank, affiche un résultat d'exploitation en progression de 23,6%, pour s'établir à 2,6 Mds de DH grâce à la maîtrise des charges d'exploitation (-2,5%) et l'amélioration du coût du risque (-25,6%). Son RNPG ressort à 1,3 Md de DH, en croissance de 21,6%.
La plus forte progression des bénéfices est à mettre au crédit de Bank Of Africa dont le RNPG a bondi de 261% à 443 MDH. Hors impact du don Covid-19 constaté l’année dernière, la progression serait de 30%. Le RNPG de BCP, lui, s'est affermi de 103,6% à 500 MDH. Retraitée de l'impact du don sur les comptes du premier trimestre 2020, la croissance du RNPG se serait établie à 24%. Les bénéfices de CIH Bank, quant à eux, ressortent à 87,42 MDH, après un déficit de 52,84 MDH à la même période de l’année passée. Toutefois, il faut noter que le niveau de profitabilité global dégagé lors de ce trimestre est inférieur à celui du premier trimestre 2019 (2,9 Mds de DH).
Les activités de marché dope le PNB
Le produit net bancaire (PNB) global agrégé des 6 banques cotées pour le premier trimestre ressort à 16,45 milliards de DH. La reprise des marchés financiers s’est reflétée sur la structure du PNB des trois cadors du secteur, dont les résultats des opérations de marché ont nettement grimpé. Ainsi, le PNB du Groupe AWB affiche une croissance de 13% à 4,8 milliards de DH. Une performance attribuable, entre autres, essentiellement à la forte évolution du résultat des activités de marché qui se renforce de 794 MDH, profitant d'un contexte des marchés financiers plus favorable que l'année précédente. Le produit net bancaire de la BCP s'élève à 6,2 Mds de DH, en progression de 2,2% par rapport à la même période en 2020.
Cette évolution intègre la hausse de la marge d'intérêt (+2,7%) et des résultats des activités de marché (+38,4%) et la baisse de la marge sur commissions (-2,5%). Bank Of Africa indique dans sa communication financière que le premier trimestre 2021 est marqué par la bonne performance du résultat sur opérations de marché ainsi que par la bonne tenue du Core Business. Cette bonne tenue a permis au PNB consolidé de croître de 11% à 3,4 milliards de DH.
Bonne tenue de l’activité commerciale
Du côté commercial, les performances sont plutôt bonnes pour les établissements qui ont communiqué sur ce chapitre. Chez CIH Bank, avec une collecte nette de 581,4 MDH, l’encours des dépôts de la clientèle s’établit à 54,4 Mds de DH. Les encours crédits consolidés accordés à la clientèle ont atteint 59,5 Mds de MDH, en hausse de 2,5% par rapport à décembre 2020. BCP continue de renforcer ses ressources avec une collecte additionnelle de 1,7 milliard de DH sur le premier trimestre 2021.
Pour sa part, l'encours net des crédits consolidés à la clientèle s'est stabilisé à près de 255 milliards de DH. Crédit du Maroc affiche à fin mars 2021 une progression des ressources bilan de 7,1% à 45.597 MDH. À fin mars 2021, les emplois clientèle du Crédit du Maroc progressent de 4,6% sur une année glissante. Les crédits à la clientèle chez BMCI ont atteint 50,8 Mds de DH à fin mars 2021, en légère baisse de 0,1%. Les dépôts ont enregistré une baisse de 1,1%, pour atteindre 44,1 milliards de dirhams à fin mars 2021, avec une part des ressources non rémunérées représentant 76%.