Les revenus des industriels affichent un ralentissement au 2ème trimestre, plombés par la baisse de l’activité des opérateurs pétroliers et gaziers.
Maroc Telecom draine 41% des dépenses d'investissement au premier semestre.
Par Y. Seddik
Alors que le niveau d'inflation tend à baisser de mois en mois, les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca sortent d'un premier semestre globalement positif. À l'issue des six premiers mois de l'année en cours, les revenus agrégés de la cote ont connu une relative embellie, enregistrant une croissance de 5,3% pour atteindre la somme de 146,7 milliards de DH, d'après les calculs de BMCE Capital Global Research. Cette performance est tirée principalement par l’orientation favorable du PNB des financières qui ont progressé de 12% et, dans une moindre mesure, par la hausse du chiffre d’affaires des valeurs industrielles qui a augmenté de 2,8% par rapport au premier semestre 2022.
Un 2ème trimestre en net ralentissement pour les industries
Sur les 50 sociétés industrielles ayant communiqué leurs réalisations, 33 affichent des revenus en hausse, profitant principalement d’un effet volume et/ou périmètre combiné, et dans une moindre ampleur, à un effet prix favorable qui commence à s’estomper comparativement à l’année dernière. Mais BKGR fait remarquer que le secteur connaît un ralentissement au 2ème trimestre : «Après un premier trimestre bien orienté pour l’ensemble des branches d’activité (+6,6% en y-o-y), les réalisations commerciales au 2ème trimestre 2023 affichent une progression davantage limitée (+4% à 73,9 Mds de DH), mais également plus contrastée».
En effet, les sociétés industrielles accusent un net ralentissement au 2ème trimestre 2023, avec des revenus en baisse de 1,9% à 46,5 Mds de DH d’une année à l’autre (contre une progression de 8% au 1er trimestre 2023) principalement impactées par la mauvaise tenue des opérateurs pétroliers et gaziers, notamment Afriquia Gaz ou encore TotalEnergies Marketing Maroc, dont les revenus consolidés reculent de 22% en glissement annuel (-10% en séquentiel), pâtissant d’un repli de la demande suite à la hausse des prix à la pompe. L’industrie agroalimentaire connaît également un ralentissement, et plus particulièrement Lesieur Cristal.
Ce dernier enregistre un chiffre d’affaires consolidé en recul de 8% en raison, selon les explications du management, de la poursuite de la politique de baisse des prix déployée tout au long de ce semestre afin d’atténuer l’impact de la pression inflationniste sur le pouvoir d’achat des ménages. Enfin, les minières contribuent à cette contraction suite à la baisse de 27% des revenus de Managem au 2ème trimestre 2023 sous l’effet notamment de la suspension des opérations au Soudan depuis le 20 avril de l’année en cours et de la baisse des cours du cobalt et des métaux de base. Le PNB des financières ressort, lui, en hausse de 12% à 40,5 Mds de DH, intégrant principalement les contributions additionnelles d’Attijariwafa bank, de BCP et de BOA, capitalisant vraisemblablement sur l’ensemble de ses composantes, notamment le rebond du résultat sur opérations de marché et la très bonne tenue de la marge d’intérêt en dépit de la hausse du taux directeur.
Des investissements stables
Au volet des investissements, poursuit BKGR, l’enveloppe globale mobilisée par les sociétés de la cote casablancaise ressort en quasi-stagnation (-0,5%) comparativement au 1er semestre 2022. Cette évolution est la résultante du recul de 20,8% des Capex d’IAM et de 37,5% d’Aradei Capital, compensé quasi-intégralement par la hausse de +4,6x de ceux d’Akdital dédiés à l’ouverture de 4 nouvelles cliniques (à Mohammedia, Bouskoura et Fès -2-), et l’appréciation de 5,3x de l’enveloppe d’investissement d’Oulmès engagée dans le cadre de la poursuite de son plan de développement industriel. Dans le détail, 41% des Capex ont été drainés par l’opérateur télécoms historique IAM, suivi des minières avec une part de 17%, en particulier Managem dont 40% ont été alloués aux nouveaux projets de développement du Groupe, notamment le démarrage des travaux du projet cuprifère de Tizert et la finalisation de l’acquisition des actifs miniers Bambouk au Sénégal.