Par Y. Seddik
Les entreprises cotées et les opérateurs boursiers se souviendront encore longtemps de l’année 2020. Année de crise inédite où les profits ont fondu comme neige au soleil. BMCE Capital Research (BKR) a publié un papier d’analyse où elle décortique les principales réalisations des sociétés cotées à fin 2020.
On y apprend que la masse bénéficiaire des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca s'est établie à 17,4 milliards de DH, en forte baisse de 35,5% par rapport à 2019. «Pâtissant des effets de la crise sanitaire sur le volet opérationnel ainsi que de l'impact des cotisations souscrites volontairement au Fonds Covid-19, notamment pour les financières (51,8% du total des contributions), la capacité bénéficiaire globale se détériore de 35,5% à 17,4 Mds de DH», précise la cellule de recherche.
Hors impact de ces contributions, soit 4,2 Mds de DH en net, le RNPG global ressortirait en baisse moins forte de 20% à 21,6 Mds de DH, notent les analystes de BKR. Dans le détail, le RNPG des sociétés industrielles enregistre une baisse de 16% à 10,8 Mds de DH, plombé principalement par le mauvais comportement des immobilières, sous l'effet combiné de la baisse du chiffre d'affaires et du maintien de charges incompressibles ainsi que de la comptabilisation par les opérateurs de provisions pour la mise à jour de la valorisation de certains actifs.
«Ce repli est dû également à la mauvaise tenue de Ciments du Maroc qui perd 365 MDH au niveau de son Bottomline, compte tenu du repli de ses réalisations commerciales, couplé à la comptabilisation d'un don de 100 MDH au Fonds Covid-19, et de Marsa Maroc, pâtissant du double effet du don de 300 MDH versé au profit du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie et du résultat net déficitaire dégagé par la nouvelle filiale Tanger Alliance», détaillent les analystes.
La détérioration du contexte économique a beaucoup pesé sur les comptes des sociétés financières. Celles-ci affichent un RNPG en dégradation de 56,7% à à 5,5 Mds de DH. Une baisse justifiée par l'alourdissement des charges générales d'exploitation, tenant compte des dons au Fonds Covid-19 pour un impact brut de 3,5 Mds de DH et, à plus forte échelle, de la détérioration du coût du risque (+2,4% à 17,7 Mds de DH) suite à l'adoption par les banques d'une politique de provisionnement anticipative et prudente.
Les revenus résistent grâce aux banques
Toujours selon les calculs de BKR, les sociétés cotées dégagent un chiffre d'affaires global de 230 Mds de DH au titre de l'année écoulée, en recul de 5,2% par rapport à 2019. Cette baisse intègre une mauvaise tenue des réalisations commerciales des industries, partiellement compensée par la bonne orientation du produit net bancaire (PNB) des financières. Fortement affectés par les restrictions sanitaires liées à la gestion de la pandémie, les revenus des industries cotées se dégradent de 8,9% à 144,3 Mds de DH, en raison principalement de la mauvaise orientation des réalisations de Total Maroc (-28,3% à 8,8 Mds de DH).
La baisse des revenus des industries est due également à la forte dégradation des revenus des opérateurs immobiliers, notamment Addoha (-65,5% à 1,2 Mds de DH), au retrait des ventes des cimentières consécutivement au repli significatif de la demande nationale de ciment en 2020. Du côté des sociétés financières, le PNB (équivalent du CA) s'est amélioré de 3,2% à 66,9 Mds de DH, profitant de la progression de la marge d’intérêt (+5,7% à 44,2 Mds de DH pour les banques cotées), ellemême liée à la bonne orientation des crédits court terme, souligne BKR.
Et de poursuivre que cette hausse a toutefois été atténuée par le recul de 2,2% de la marge sur commissions à 11,8 Mds de DH, suite à la baisse des flux en agences et des flux monétiques, en lien avec le confinement et le repli de -2% du résultat sur opérations de marché. Désormais, les entreprises cotées souhaitent au plus vite tourner la page de la crise pour s’inscrire dans le contexte de reprise où l’incertitude est toujours le mot d’ordre. Réussirontelles ce pari ? A suivre.