L’émergence de nouveaux risques, l’évolution des comportements et les limites des produits traditionnels facilitent l’apparition des gaps de protection. L'approche 3P offre une stratégie holistique pour préparer, prévenir et protéger contre les risques émergents, notamment en cas de catastrophes naturelles.
Par Y. Seddik
Submergé par une vague de risques croissants et d'incertitudes grandissantes, le secteur de l'assurance se retrouve face à un défi de taille : les gaps de protection. Ces lacunes béantes correspondent aux risques non ou insuffisamment couverts par les produits d'assurance existants, laissant individus et entreprises démunis face à de potentielles situations financières délicates en cas de sinistre.
L'origine de ces gaps de protection réside dans une conjonction de facteurs multiples. L'émergence de nouveaux risques, tels que les cyberattaques ou les catastrophes climatiques extrêmes, bouscule les fondements traditionnels de l'assurance. Ensuite, l'évolution des comportements, marquée par une digitalisation croissante et une mondialisation accélérée, complexifie l'évaluation des risques et la conception de produits d'assurance adaptés. Enfin, les limites intrinsèques des produits d'assurance traditionnels, conçus dans un contexte moins volatil, peinent à s'adapter à la rapidité et à l'ampleur des changements en cours. Combler ces gaps de protection devient donc une nécessité pour les professionnels du secteur. La survie et la prospérité de l'industrie en dépendent. Pour relever ce défi, l'innovation et la collaboration s'imposent comme des leviers incontournables.
Une approche holistique
Toyonari Sasaki, directeur exécutif représentatif de l'Association japonaise de l'assurance vie (LIAJ), a proposé une approche 3P (préparation, prévention et protection) pour combler ces gaps. Ce concept met en évidence l'importance de se préparer en amont aux risques, de prendre des mesures préventives pour les atténuer autant que possible et de fournir une protection adéquate en cas de survenance de ces risques, a-t-il affirmé. Sasaki a illustré son propos en citant l'exemple des catastrophes naturelles, qui constituent un risque croissant pour les individus et les entreprises.
Selon lui, l'adoption d'une approche 3P peut permettre de réduire considérablement l'impact de ces catastrophes, en encourageant les populations à se préparer aux événements extrêmes, en mettant en place des systèmes d'alerte précoce et en développant des solutions d'assurance plus adaptées. «En adoptant cette approche holistique, les individus, les entreprises et les gouvernements peuvent renforcer leur résilience face aux événements imprévus, réduire les dommages potentiels et assurer une récupération et une reprise plus rapide en cas d’incident», a-t-il expliqué.
L'insurtech et les data au service de l'innovation
L’autre sujet abordé lors des RDV de Casablanca de l’assurance a eu trait à l'innovation technologique, qui est un facteur clé pour l'avenir du secteur de l'assurance. Michaela Koller, Directrice générale d'Insurance Europe, a souligné l'importance de l'insurtech et des data pour développer de nouveaux produits et services d'assurance plus efficaces et mieux adaptés aux besoins des clients. Selon Koller, l'intelligence artificielle et l'analyse de données peuvent permettre aux assureurs de mieux identifier, évaluer et gérer les risques, d'offrir une tarification plus personnalisée et de développer des services d'assistance plus proactifs. Elle a également appelé à une collaboration plus étroite entre les assureurs et les startups technologiques pour accélérer l'innovation dans le secteur.
Collaborer pour une meilleure protection
Florence Lustman, présidente de France Assureurs, a plaidé, quant à elle, pour une collaboration accrue entre le secteur privé et les pouvoirs publics afin de renforcer la protection des individus et des économies. Elle a notamment appelé à faciliter la couverture des risques par le secteur privé, renforcer les fondamentaux de l'assurance cyber et soutenir l'innovation dans le secteur. La présidente de France Assureurs a également souligné l'importance de l'éducation et de la sensibilisation pour que les individus et les entreprises soient mieux informés des risques auxquels ils sont confrontés et des moyens de s'en protéger.