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Parité: «Un attachement encore très fort aux stéréotypes nuit à l’évolution de la femme marocaine»

Parité: «Un attachement encore très fort aux stéréotypes nuit à l’évolution de la femme marocaine»

Par les temps qui courent, les femmes osent et osent penser grand. Engagées plus que jamais, elles militent pour leurs droits, longtemps bafoués, et s’investissent dans des luttes sans fin contre les inégalités. Au Maroc, un long chemin a été parcouru pour donner aux femmes la place qui leur revient et reconnaître leur rôle indéniable dans le développement du pays. Entretien avec Sofia Slami, présidente de l’association “Houwa-li-Hiya.

 

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna & M. Boukhari

Finances News Hebdo : En tant que présidente de l’association «Houwa-li-Hiya», comment évaluez-vous la situation des femmes au Maroc, notamment en termes de droits et de libertés ?

Sofia Slami : La situation de la femme au Maroc a enregistré des avancées non négligeables. Le taux de scolarisation des filles, la hausse de la représentation des femmes dans la fonction publique, la transmission de la nationalité, la coresponsabilité des époux, le retrait de la tutelle matrimoniale (wilaya) ou encore le passage de l’âge légal de mariage à 18 ans, sont des changements majeurs et importants qui ont eu un impact positif sur son évolution. Cela dit, plusieurs chantiers urgents n’ont pas été achevés, creusant davantage le gap dans les inégalités entre les femmes et les hommes sur plusieurs thématiques. Cela peut être expliqué, entre autres, par des lectures et interprétations encore très patriarcales de textes religieux, un manque de volonté politique ou encore un attachement encore très fort à des coutumes et stéréotypes qui nuisent à l’évolution de la femme marocaine.

 

F.N.H. : Le Roi Mohammed VI a donné ses instructions pour entamer la réforme de la Moudawana. Quelles sont, selon vous, les principales modifications qui doivent être apportées à ce texte ?

S. S. : Au-delà de ce qui doit être modifié, c’est le prisme par lequel le Code de la famille doit être étudié qui compte. Quelle est notre volonté ? Vers quelle direction souhaitons-nous aller ? Si le souhait est qu’hommes et femmes, au Maroc, soient égaux dans les droits et les obligations, les changements sont évidents. Je soulignerai l’importance de ne pas garder de flou. Ce flou qui, comme pour le mariage des mineurs, bloque la réalisation concrète des droits des femmes. Une Moudawana qui ne s’arrêtera pas sur des «Oui mais», mais au contraire sera juste et claire pour une application effective.

 

F.N.H. : Vous êtes à la tête d’une association qui milite pour les droits des femmes. Quelles sont les actions que vous entreprenez pour améliorer leur sort ?

S. S. : Avec le mouvement Houwa-Li-Hiya et l’Association Man for Woman, nous travaillons à mettre en lumière, et ce depuis 2015, un principe évident et pourtant encore peu compris : le rôle des hommes dans la réalisation des droits de femmes. L’homme en tant que père, frère, ami, collègue, voisin… En organisant des conférences dans les écoles et universités, en lançant des initiatives et partenariats ou en créant un jeu de carte sur le sujet, nous cherchons à interpeller les hommes et les femmes sur la question et à les faire réagir dans l’espoir qu’ils osent agir demain. 

 

 

 

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