Journée marathon pour l'argentier du Royaume, Mohamed Benchaâboun, qui enchaîne les réunions avec les Commissions des finances des deux Chambres du parlement. Des réunions d'informations informelles mais studieuses où les équipes parlementaires interrogent le ministre sur la mise en oeuvre des réformes annoncées.
Devant la Commission des finances de la première Chambre, dans la matinée de mardi, Benchaâboun a rappelé les grands axes du discours du Trône et la manière dont l'exécutif allait s'y prendre pour opérationnaliser les réformes. Et elles sont nombreuses.
Les parlementaires, même de l'opposition, ont montré une certaine solidarité avec le ministre quant à l'exécution des orientations royales, reconnaissant pour la plupart l'engagement de Benchaâboun qui enchaîne les journées de 15 h de travail depuis le début de la crise sanitaire. Mais ce dernier veut maintenir la cadence. Il veut présenter des textes de lois à la rentrée pour préparer le terrain à une Loi de Finances 2021 qui sera sans aucun doute celle de la grande réforme des établissements et entreprises publics (EEP) et de la généralisation de la couverture sociale pour tous les marocains.
Les EEP, Benchaâboun veut les remodeler, pour en faire des organismes plus grands mais plus spécialisés et plus efficients orientés en pôles (industrie, mines, transport et logistique, Finances...). Mais il veut aussi faire disparaître nombre d'organismes publics dont les missions sont achevées et qui continuent d'engloutir l'argent public. Si l'on ne sait pas précisément qui va disparaître, les organismes les plus menacés ont déjà entrepris des sorties médiatiques, des fois naïves et hasardeuses, pour justifier leur maintien. Devant les parlementaires, Benchaaboun s'est montré intraitable : Les critères seront transparents. Ceux qui devront disparaître n'y échapperont pas et les effectifs seront redéployés dans l'administration publique, rassurant ainsi les fonctionnaires des EEP qui sont dans le collimateur de la réforme.
Même discours ou presque pour la généralisation de la couverture sociale. Benchaâboun veut éviter les dialogues avec les partenaires et les négociations à rallonge qui risquent de faire capoter la réforme et la verser dans le long et interminable fleuve des mesures inachevées. Le Ramed, appelé à disparaître, permettra, tout en gardant ces critères, une plus grande généralisation de l'AMO qui ne couvre actuellement qu'un tiers des Marocains. Par quels secteurs démarrer ? Quelles professions intégrer en priorité ? Là aussi, le message du ministre est qu'il faut privilégier les critères d'efficience dans l'exécution loin des calculs électoraux et politiques. Mais il avoue que les scénarios ne sont pas encore arrêtés.
Il promet, cela dit, de revenir avec une série de propositions de lois à la rentrée pour démarrer la mise en oeuvre. «J'espère que vous voterez d'abord et qu'on débattra ensuite», lance-t-il avec humour aux parlementaires. Selon lui, le contexte de crise et l'impulsion royale représentent le parfait timing pour lancer ces réformes, aussi bien concernant les EEP que la couverture sociale.
5 ans pour achever la réforme de la protection sociale
La généralisation de la protection sociale est un dossier qui nécessite la plus grande mobilisation aussi bien de l'exécutif que du parlement. La finalisation du cadre réglementaire dédié est nécessaire avec notamment l’opérationnalisation du Registre national unifié et la réforme fiscale relative à la contribution professionnelle unique. Le déploiement de cette réforme se fera de manière progressive, sur une période de 5 ans, avait promis Benchaâboun en conférence de presse lundi dernier. Il a réitéré cet engagement aujourd'hui devant la commission de la première chambre. Cela démarrera par le déploiement de l’AMO et des allocations familiales avant de s'attaquer à la généralisation de la retraite et de l'indemnisation pour perte d'emploi à horizon 2025. Top chrono !
A.H