◆ L’OPV de l’opérateur a été sursouscrite plus de 16 fois.
◆ Une réussite que le gouvernement pourra inscrire dans son «cahier à succès»
Par : Youssef Seddik
Pari gagné pour l’Etat qui a voulu faire de la cession de ses parts de Maroc Telecom en Bourse une opération populaire. L’opérateur historique a, cette fois-ci, séduit pas moins de 25.861 investisseurs, tous types confondus. Un niveau certes loin de son record historique en 2004 (130.000 souscripteurs), mais ni les enjeux ni les montants ne sont les mêmes.
Toutefois, l’intérêt pour l’offre a été tout de même très marqué. La dernière fois où l’on a observé un tel engouement remonte à six ans, période de l’IPO de Taqa Morocco (ex-Jlec). Elle dépasse même, en nombre de demandeurs, l’IPO de Marsa Maroc en 2016. Le département de Benchaaboun n’a pas lésiné sur les moyens pour réussir son opération, surtout auprès des particuliers.
Les résultats techniques de l’offre le démontrent d’ailleurs. De 22 nationalités différentes, l’on recense 25.043 souscripteurs personnes physiques. Un chiffre positif, connaissant la désaffection des particuliers envers la Bourse ces derniers temps. Un chiffre aussi positif, grâce au système d’allocation par itération, réputé pour être celui qui garantit la plus grande participation des souscripteurs. Le même système, rappelons-le, avait permis de capter plus 18.000 souscripteurs lors de l’introduction de Marsa Maroc.
Faible participation du personnel
A travers cette OPV, la Direction des entreprises publiques et de la privatisation a voulu atteindre 3 objectifs : remonter le cash pour renflouer ses caisses, développer l’actionnariat populaire et élargir le plus possible la base d'actionnaires de l'entreprise. Sur ce dernier point, les résultats ressortent en demi-teinte. Bien que l’Etat ait été généreux en offrant au personnel une décote additionnelle par rapport aux autres investisseurs, seuls 1.346 salariés du groupe y ont participé, contre un potentiel de 7.700 personnes répondant aux critères d'ancienneté retenus. La demande du personnel s’est limitée à 1.801.473 actions contre une offre initiale de 2.929 900 actions.
Les OPCVM, eux, ont souscrit pour plus de 7 milliards de DH, malgré la faible quantité de titres qui leur a été réservée.
Ces fonds ont d’ailleurs «la mission» de dynamiser l’action sur le marché secondaire et créer de la décote pour les heureux particuliers. Un choix assumé par les banques conseils. 177 fonds se sont partagés les 4.103.000 actions attribuées avec un taux de satisfaction de 7,17%.
Les institutionnels en veulent toujours plus
La demande formulée par les institutionnels avait atteint 10 Mds de DH pour les 6% que l'Etat a vendus sur le marché de blocs pour 6,7 Mds de DH. L'offre a été souscrite 1,5 fois. Le reliquat a ainsi été demandé lors de l'OPV à travers la tranche réservée aux investisseurs qualifiés. Celle-ci a connu la deuxième plus forte demande pour une souscription d’autant que l’initiateur de l’offre n’exigeait aucune couverture pour cette tranche. 4.689.000 actions lui ont finalement été servies.
Marché acheteur après l’OPV
Le titre Maroc Telecom a été très recherché dès le jour d’allocation. Les investisseurs servis, disposant de la provision, ont pu liquider leurs titres avant même que le règlement/livraison n’intervienne, pour réaliser quelque 15 DH de plus-values (par rapport au prix de vente de 125,30 DH).
Les observateurs du marché ne notent pas beaucoup de ventes chez les particuliers. Les professionnels, eux, se positionnent avant les résultats semestriels prévus pour lundi prochain. La dynamique sur Maroc Telecom s’est propagée sur les autres gros dossiers, d’où la dernière accélération de l’indice. Sera-t-il un relais assez solide pour franchir les 11.500 points ?
Souscriptions : BCP et Attijariwafa bank raflent la mise
Les deux banques, grâce à leur réseau élargi, ont capté les deux tiers des souscriptions. Attijariwafa bank (AWB), qui revendique le leadership, a mobilisé auprès de ses clients plus de 10 milliards de DH de souscriptions, toutes tranches confondues, soit plus de 30% du total souscrit. Pour la tranche II, celle des personnes physiques et morales, 1 DH sur 2 DH ont été souscrits par les clients d’AWB. Pour celle des salariés de Maroc Telecom, 2 DH sur 3 ont été souscrits auprès d’AWB.
Pour sa part, BCP a pu accompagner un souscripteur sur trois avec un total de 8.728 demandeurs. Notons que 98% des souscripteurs mobilisés par le réseau Banque Populaire sont des particuliers.
Historique de la privatisation de IAM
La privatisation de Maroc Telecom a été initiée en 2001 à la suite de la cession par le Royaume du Maroc de 35% du capital de Maroc Telecom à Vivendi Universal. En 2004, le Maroc et Vivendi ont conclu un accord portant sur la vente de 16% supplémentaires du capital de Maroc Telecom, qui a été réalisée en janvier 2005. Au cours de 2006, le Maroc a cédé 0,1% du capital de Maroc Telecom sur la Bourse de Casablanca, avant de revenir en juillet 2007, pour céder 4% du capital, ramenant ainsi sa participation à 30%. Aujourd’hui, la participation de l’Etat retombe à 22% du capital et des droits de vote, sans impact sur la gouvernance de la société.