Mohamed Allouch : Globalement, le secteur s’est bien comporté durant l’année 2016 et a pu démontrer une fois de plus sa résilience face aux aléas économiques. Certes, nous constatons une légère dégradation du portefeuille à risque, mais la situation reste maîtrisée compte tenu des efforts fournis par les institutions de microfinance (IMF) et la mise à niveau de leur dispositif de contrôle et de gestion des risques depuis la précédente crise.
Un autre signe de la bonne santé du secteur : l’intérêt que suscite celui-ci auprès des bailleurs de fonds nationaux et internationaux qui continuent de le soutenir financièrement tout en apportant une expertise technique pour accompagner son développement. Actuellement, le secteur est arrivé à une forme de maturité et affiche une croissance modérée mais positive.
M. A. : Nous n’avons pas de recette miracle, mais nous sommes constamment à l’écoute du marché et de nos clients. Dans ce sens, nous essayons d’améliorer et d’ajuster notre offre en fonction des besoins exprimés. Raison pour laquelle nous sommes actuellement en mesure de proposer un programme d’inclusion financière universel et inclusif qui couvre le financement, l’accompagnement et la formation, en passant par les services connexes, tels que la bancarisation, l’assurance, l’épargne, le transfert d’argent ainsi que le mobile banking.
Par ailleurs, nous nous intéressons de plus en plus au segment de la TPE pour lequel nous avons mis au point un programme dédié dénommé «Al Moukawil». Les résultats de la phase pilote sont prometteurs, ce qui nous encourage à élargir celle-ci de manière progressive sur le reste des régions. D’autres relais de croissance peuvent intéresser le secteur, notamment les services de paiement délégué, et ce compte tenu du large réseau dont jouissent les IMF marocaines à travers le territoire.
En effet, dans le cadre de la synergie intragroupe Banque Populaire, nous menons un projet conjoint avec M2T pour la mise en place d’un service dédié qui sera destiné aux clients et non-clients.
M. A. : Nous suivons l’évolution de ce projet de réforme de très près et nous nous réjouissons que les IMF soient associées dans la démarche à travers des ateliers et séminaires de réflexion organisés dans ce sens. Nous sommes parfaitement conscients de la complexité du dossier, mais la volonté affichée aussi bien du régulateur que du législateur nous laisse confiants quant à un dénouement dans les meilleurs délais de cette réforme.
Cette réforme, si elle est suffisamment incitative pour les IMF, qui manifestent leur intérêt pour la transformation, peut se répercuter positivement sur les bénéficiaires en termes de tarification et d’accessibilité à de nouveaux produits et services innovants pouvant améliorer davantage l’expérience client.
M. A. : Depuis ses débuts, le microcrédit a pu montrer une grande adaptabilité face aux évolutions de son écosystème. Aujourd'hui, on parle de microfinance, car les IMF ne se limitent plus uniquement à la distribution de microcrédit, mais ont pu s’ouvrir à de nouveaux produits et services à caractère bancaire. Je crois que la finance participative suivra le même cours et la microfinance trouvera encore une fois le moyen de proposer une offre dans ce sens. Nous avons fort à croire que parmi notre cible, il existe une tranche de la population qui demande ce type de produits financiers. Pour ce faire, nous allons certainement nous appuyer sur l’expertise du Groupe à travers sa banque participative Bank Al Yousr. ■
Propos recueillis par M. Diao