Dans une note de recherche intitulée «Vigilance accrue dans un chemin sinueux et imprévisible», la recherche de CDG Capital revient sur les réalisations des sociétés cotées en 2017 et se projette dans un environnement 2018 marqué, certes par des anticipations baissières sur les taux, qui peuvent avantager les actions, mais aussi par une survalorisation du Masi après sa performance 2017.
Pour le département Research Actions de CDG, «le regain de confiance et le manque d'alternatives pour les investisseurs institutionnels marocains qui, rappelons-le, gèrent au-delà de 400 milliards de dirhams d'actifs investis quasi exclusivement au Maroc, ont joué un rôle majeur dans la hausse récente des niveaux du MASI». Ce dernier serait, selon les analystes, «déjà survalorisé depuis quelque temps», et l’est devenu encore plus après sa performance de 2017. L'effet combiné de la cherté du marché, de la croissance modérée de la masse bénéficiaire et de la tendance baissière des taux indique «qu'une pause pourrait bien être en vue pour l'année 2018».
Par ailleurs, les analystes privilégient les entreprises affichant de «solides cash-flows, des rendements en dividendes élevés et une situation financière solide».
Les convictions des analystes pour 2018
D'un point de vue macroéconomique, les analystes de CDG Capital anticipent un ralentissement de la croissance en 2018, un creusement du déficit de liquidité et des perspectives baissières sur les taux susceptibles de profiter aux actions. Mais «la croissance bénéficiaire devrait être modérée pour l’année 2018», estiment-ils. «En effet, il nous semble difficile d’envisager une accélération des bénéfices des entreprises cotées, dans la mesure où l’économie nationale risque de ralentir l’année prochaine», peut-on lire dans la note.
De plus, en 2018, les industries et les sociétés de services devraient être confrontées à une hausse des coûts des matières premières, et ce en raison du renchérissement du pétrole, du fret et du charbon. Dans ce sillage, la pression sur les marges des entreprises cotées va se faire davantage sentir, principalement pour les entreprises dont le pouvoir de détermination des prix est faible. En effet, la hausse des prix des matières premières devrait se traduire soit par une hausse des prix de vente (à l’instar du ciment +3% en 2018), soit par une contraction des marges des entreprises.
«Néanmoins, ajoutent les analystes, nous sommes légèrement positifs concernant les résultats des secteurs bancaire et télécoms. En effet, les perspectives globalement prometteuses des filiales africaines combinées aux facteurs endogènes de ces sociétés devraient soutenir la croissance bénéficiaire du marché. Aussi, nous pensons que le secteur minier pourrait enregistrer une nouvelle croissance de ses bénéfices grâce à l’appréciation des prix des métaux».
Selon CDG Capital, le Masi affiche un PER de 20,58x sur la base des bénéfices de 2017 au-dessus de la moyenne historique (soit 19,95x).
«D’un point de vue sectoriel, de nombreux secteurs présentent désormais des valorisations élevées et se négocient à des niveaux élevés comparés à des secteurs cotés à l’étranger ayant un même niveau de maturité», dit CDG Capital.
«Les valorisations semblent tendues, alors que la croissance du PIB pourrait ralentir, et la hausse des coûts des matières premières pourrait réduire davantage les marges». Toutefois, notent-ils, «la consommation intérieure et les revenus des filiales africaines devraient rester solides, certains secteurs d'activité devraient voir leurs bénéfices augmenter».
Les recommandations de CDG Capital
Les analystes se disent neutres sur le secteur bancaire. Pour eux, les banques marocaines bénéficieraient d’une bonne orientation de la croissance des crédits et seront confrontées à un paysage changeant avec la mise en œuvre de l’IFRS 9. Ainsi, ils valorisent Attijariwafa bank à 529 DH, soit un potentiel de hausse de 7,1%, BCP à 306 DH, soit un potentiel de hausse de 3,7%, BMCE à 225 DH, soit un potentiel de baisse de 1,3%. BMCI est à vendre avec un cours cible à 852 DH, soit un potentiel de baisse de -5,6%. CDG Capital est neutre également sur CDM que les analystes valorisent à 598 DH, soit un potentiel de baisse de 2,0%.
Les analystes sont négatifs sur les télécoms. Pour eux, des enjeux réglementaires et concurrentiels attendent le groupe Maroc Telecom en 2018 au Maroc et à l’international. Ils valorisent le titre à 136 DH et recommandent la vente avec un potentiel de baisse de 8,8%.
Les analystes sont également négatifs sur le ciment où «l’essoufflement des secteurs débouchés se prolonge». Ils recommandent, cela dit, d'acheter LafargeHolcim pour ses «solides cash-flows et ses rendements en dividendes élevés». Les analystes recommandent l'achat avec un cours objectif de 2.173,1 DH, soit un potentiel de hausse de 10%.
CDG Capital est négatif sur la sidérurgie et recommande la vente de Sonasid avec un cours cible à 509,2 DH.
Enfin, les analystes estiment que la performance des sociétés cotées en 2017 est à relativiser. Car, malgré la hausse des ventes des sociétés cotées, la marge opérationnelle est en repli, et ce en dépit des efforts de maîtrise des coûts. Les résultats profitent, pour leur part, des événements exceptionnels.
Retraité de ces éléments, le RNPG de la cote n’aurait progressé que de 5,3%. ■
A.H