Lors d'une intervention à l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) 2025, le Directeur général de la CDG a livré une réflexion structurée sur les conditions nécessaires à une mobilisation plus efficace de l’épargne en Afrique.
Par A. Hlimi
Khalid Safir a d’abord pointé un obstacle fondamental à la mobilisation de l'épargne en Afrique: le poids persistant du secteur informel, qui concentre une part importante des revenus, mais reste en marge du système financier. Pour lui, mobiliser cette épargne “invisible” suppose avant tout de rassurer et de sécuriser ces acteurs.
«Il faut intéresser ce secteur informel à l’épargne en le tranquillisant, en le rassurant, qu’il accepte de rentrer un peu dans le système», a-t-il expliqué. Cela passe, selon lui, par le développement de produits simples et protecteurs - assurances, couvertures sociales, produits d’épargne sécurisés - capables d’attirer ces populations vers la formalisation. Cette inclusion financière progressive serait, selon Safir, le socle d’une base d’épargne élargie et stable, condition préalable à tout financement endogène du développement.
Massifier et canaliser l’épargne
Le second levier identifié par le DG de la CDG est la massification des encours collectés. Les ressources africaines, encore dispersées et peu structurées, doivent être canalisées vers des projets à long terme. Il plaide pour un cadre prudentiel rénové permettant aux investisseurs institutionnels -fonds de pension, assurancesde diversifier davantage leurs placements vers des secteurs productifs. Mais la transformation ne peut s’arrêter aux frontières.
Safir appelle à une harmonisation régionale des réglementations et à la création de plateformes d’investissement sectorielles communes, capables de mutualiser les risques et d’attirer des capitaux à l’échelle continentale. «Si on crée des plateformes qui couvrent plusieurs pays, sur les mêmes types d’investissement, avec des risques opérationnels clairs et prévisibles, on fera un grand pas», a-t-il insisté, citant notamment le secteur de l’énergie (électricité, dessalement, etc.) comme exemple de champ d’action transfrontalier.
Couvrir les risques et renforcer l’expertise
Le troisième pilier évoqué est celui de la couverture des risques, en particulier ceux liés aux premières pertes sur les grands projets d’infrastructure. Selon Khalid Safir, les États et les régulateurs doivent mettre en place des mécanismes adaptés pour protéger les investisseurs et renforcer la confiance. Enfin, il a rappelé que la mobilisation de l’épargne ne peut réussir sans expertise technique.
La formation des acteurs, la montée en compétence des gestionnaires et la capacité à structurer des projets bancables restent des maillons essentiels pour transformer le capital disponible en investissements concrets. L’Afrique dispose des ressources nécessaires, mais leur mise en mouvement suppose un cadre stable, des règles homogènes et des compétences solides.