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Hausse du taux directeur: pourquoi ce n’est pas fini

Hausse du taux directeur: pourquoi ce n’est pas fini

Une série de facteurs quantitatifs et qualitatifs plaident en faveur de la poursuite du durcissement de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib en 2023.

Le cash en circulation demeure un facteur de vigilance pour la Banque centrale.

 

Par Y. Seddik

Dans un contexte inflationniste, Bank Al-Maghrib a débuté un revirement stratégique de sa politique accommodante en 2022. Elle a relevé son taux directeur à deux reprises depuis septembre, mettant fin à plus d’une décennie de généreuse politique monétaire, et ce en dépit des enjeux de soutien de la croissance économique post-covid. Beaucoup se demandent jusqu’où cette hausse peut aller et craignent ses effets sur l’économie. Mais la Banque centrale n'a plus beaucoup d'états d'âme : elle veut continuer à durcir les conditions d'accès aux crédits afin de freiner une inflation galopante qui pique à 8,3% en décembre.

De son côté, le bureau de recherche Attijari Global Research (AGR) demeure  convaincu quant à la poursuite du durcissement monétaire durant le premier semestre de 2023, à la lumière de sa propre lecture des agrégats monétaires et des nouvelles prévisions de BAM sur la période 2023-2024. En effet, BAM affiche une forte détermination à soutenir la stabilité des prix au Maroc, et donc poursuivre son tour de vis monétaire.

Les raisons évoquées par AGR sont d’abord une inflation «durable» au-dessus des 4% à horizon 2024. Alors que la priorité majeure de Bank Al-Maghrib demeure le rétablissement de l’inflation à des niveaux modérés, force est de constater que les pressions inflationnistes externes vers les biens non échangeables devraient se maintenir en 2023. Par ailleurs, la décompensation des produits subventionnés prévue à compter de 2024  devrait soutenir les tensions haussières sur les prix. La rémunération de l’épargne nationale revient également au-devant de la scène. La hausse cumulée du taux directeur de 100 pbs n’est pas encore en mesure de rétablir les taux réels au Maroc en territoire positif, et ce compte tenu d’une inflation cible largement supérieure à ses niveaux historiques. L’autre facteur qui plaide pour la continuation de la politique restrictive est la poursuite du durcissement monétaire des Banques centrales à l’international en 2023.

Bien qu’à un rythme moins soutenu, la FED et la BCE devraient poursuivre le relèvement de leurs taux directeurs en 2023, générant ainsi de fortes pressions sur le Dirham. Pour rappel, les spreads de liquidité du MAD demeurent en territoire positif depuis juillet 2022, atteignant un plus haut historique à 4,99% en novembre dernier. Enfin, les analystes avancent comme raison des projections de croissance globalement «rassurantes» durant la période 2023-2024. En effet, les dernières précipitations nationales confortent les projections de BAM quant à une campagne normative autour de 75 MQx en 2023. À cet effet, selon eux, la croissance du PIB devrait ressortir à 3% en 2023  et rebondir à 3,2% en 2024. Des niveaux qui demeurent en ligne avec la moyenne historique de la croissance du PIB au Maroc. En resserrant davantage les conditions de financement de l’économie, Bank Al-Maghrib devrait ainsi ralentir la dynamique de la demande intérieure au Maroc via l’Investissement et la consommation, et par conséquent peser sur la croissance économique.

 

Cash en circulation : facteur de vigilance pour BAM

La masse monétaire au sein de l’économie a significativement augmenté en 2022, atteignant un plus haut de 30 ans. Celleci représente près de 120% du PIB en 2022. L’agrégat M3, indicateur de référence pour évaluer la masse monétaire en circulation, a augmenté de 8% en 2022 contre 5,1% en 2021. En face, les agrégats de placements liquides se sont inscrits en baisse de 12,8% en 2022. Ces derniers refléteraient principalement la baisse importante des titres OPCVM obligataires et la contreperformance des fonds actions et diversifiés.

Selon les projections de BAM, le rythme d’évolution de la masse monétaire devrait ralentir à 3,3% en 2023. À l’origine, une décélération de la hausse de la circulation fiduciaire en raison de la bonne tenue des dépôts bancaires et du taux d’épargne national. Ces derniers bénéficieraient de la hausse des taux créditeurs bancaires sous l’effet des relèvements successifs du taux directeur de BAM à compter du 4ème trimestre 2022. En effet, les DAT à 6 mois et 12 mois s’établissent à fin novembre 2022 à 2,41% et 2,63%, en hausse de +26 PBS et +12 PBS respectivement par rapport à l’année précédente. 

 

 

 

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