Soutenu par un effet de collecte positif ainsi qu'une revalorisation des portefeuilles dans toutes les catégories, l’industrie des OPCVM signe une année historique. Tour d’horizon des performances et des perspectives d’un secteur en pleine mutation.
Par Y. Seddik
Alors que l'année 2024 touche à sa fin, l'industrie de la gestion d'actifs au Maroc signe une performance inédite. Avec des encours atteignant un record historique de 663 milliards de dirhams à fin novembre, les OPCVM confirment leur rôle central dans le marché des capitaux. Un cap symbolique qui résulte d'une solide confiance des investisseurs, attirés par la stabilité des OPCVM dans un climat économique en redressement. «Je suis impressionné de voir le chemin parcouru; 670 milliards de dirhams d'actifs, qui représentent près de la moitié du PNB, près de la moitié des dépôts bancaires, une industrie qui est le premier souscripteur aux emprunts d'État, qui est le premier souscripteur aux IPO et puis le tiers des échanges sur le marché de capitaux. C'est véritablement impressionnant», avait commenté, Brahim Benjelloun-Touimi, président du Conseil d'administration de la Bourse de Casablanca, lors de la conférence ASFIM 2024. Pour faire le focus, ce sont principalement les OPCVM monétaires qui, en garantissant liquidité et sécurité, séduisent le plus d’investisseurs cette année. Mais la dynamique ne se limite pas à cette seule catégorie : en 2024, les encours d’OPCVM actions se distinguent également, avec une performance marquée de 21,15% depuis janvier, soutenue par un regain d’intérêt pour les placements en actions sur fond de valorisation boursière. Il faut dire que la résilience de ce secteur n’est plus à démontrer : il a su surmonter les remous de la pandémie et, plus récemment, des vagues de rachats en 2022 qui ont dépassé les 70 milliards de dirhams, conséquence d’une hausse des taux, incitant certains investisseurs à réorienter leurs placements. Aujourd’hui, l’horizon s’éclaircit pour les gestionnaires de fonds. Une nouvelle réglementation, en phase de finalisation, devrait permettre aux sociétés de gestion d’enrichir leur gamme de produits, avec des innovations telles que les ETF et les fonds en devises, ainsi que des fonds dits «à règles de fonctionnement allégées». Cette diversification pourrait permettre aux gestionnaires de fonds d’attirer de nouveaux investisseurs, tout en renforçant l’offre domestique face aux exigences croissantes de diversification patrimoniale. Un renouveau du secteur après deux années en retrait Sur le plan mondial, la gestion d’actifs a connu un renouveau en 2024, après une période difficile marquée par deux années consécutives de baisse en 2022 et 2023. Cette tendance baissière, particulièrement prononcée en Europe de l’Ouest où les bénéfices des sociétés de gestion ont chuté de 33% par rapport aux niveaux de 2021, semble aujourd’hui toucher à sa fin. Selon McKinsey, les flux nets devraient atteindre 4,5 milliards d’euros ce mois de décembre, un signal de redémarrage dépassant les niveaux pré-crise ukrainienne et témoignant d’un retour d’intérêt des investisseurs institutionnels comme des particuliers. McKinsey met en avant une mutation significative du secteur, avec une prédominance croissante des investissements passifs. En effet, les ETF, véritables stars des produits passifs, capturent désormais 24% des actifs sous gestion dans le monde, un chiffre qui a doublé depuis 2015. Ce glissement s'explique par une quête de réduction des coûts et une demande marquée pour des options d’investissement simples, flexibles et moins coûteuses que les solutions actives traditionnelles. Dans ce contexte, les gestionnaires d’actifs doivent non seulement s’adapter, mais anticiper les nouvelles attentes des investisseurs, qui privilégient des solutions durables, transparentes et mieux alignées avec les tendances ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). Marché de la dette privée Sur le marché de la dette privée, les émissions ont diminué au troisième trimestre 2024 de 7,4% à 23,3 milliards de DH, selon le dernier rapport trimestriel de BAM. Les banques ont levé un montant de 13 milliards de DH contre 19,6 milliards le trimestre précédent, et les sociétés non financières, 7,1 milliards de DH après 1,9 milliard. Par instrument, les émissions des titres de créances négociables ont augmenté de 5,4% à 19,5 milliards de DH, dont 11,5 milliards sous forme de certificats de dépôts, 3,2 milliards de bons de sociétés de financement et 4,8 milliards de billets de trésorerie. Pour leur part, les émissions des obligations se sont chiffrées à 3,9 milliards de DH, réalisées à hauteur de 61,1% par les sociétés non financières.