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Finances publiques: la maîtrise budgétaire renforcée

Finances publiques: la maîtrise budgétaire renforcée

Le Royaume maintient ses équilibres budgétaires malgré les défis économiques actuels.

Durant les premiers mois de 2023, les recettes de l’État ont été soutenues par la composante fiscale.

La solidité des finances publiques du Maroc doit être «consolidée et préservée»

 

Par Y. Seddik

La gestion rigoureuse et intelligente des finances publiques est l’un des points forts dont jouit l’économie marocaine actuellement, et ce malgré la succession récente des crises. Après une année 2022 où le déficit a été globalement bien maîtrisé à 5,1%, en dépit d’une hausse sans précédent des dépenses, l’amélioration des équilibres budgétaires se poursuit en 2023. À fin avril, les recettes fiscales ont augmenté de 4% à 3,1 milliards de DH. Hormis les recettes de l’IS, qui ont été exceptionnelles en 2022 (+10,5 Mds de DH comparativement à 2021) et n’ont reculé que légèrement, les autres recettes fiscales ont enregistré des hausses significatives : celles de l’IR ont progressé de 4,6%, avec un taux de réalisation de 40%, les recettes de TVA de 6,6%, avec un taux de réalisation de 33% et les droits de douane de 8,2%, avec un taux de de 31%.

Cette performance fiscale a pu compenser la hausse des dépenses ordinaires de l’État qui ont affiché une évolution de 2 Mds de DH par rapport à fin avril 2022, alourdies par l’augmentation de la masse salariale et le paiement anticipé de certains transferts à caractère social, y compris le soutien aux professionnels du transport (environ 1 Md de DH durant la période allant de janvier à avril 2023), au moment où les charges de compensation ont reculé avec la baisse des prix des matières premières à l’international.

Pour le restant de l’année et à la lumière des évolutions des postes budgétaires prévues par la Loi de Finances 2023, «le Trésor devrait maîtriser son déficit 2023 à 65,7 Mds de DH, soit 4,5% du PIB. La dette du Trésor devrait poursuivre son trend haussier en 2023, dépassant selon nos estimations, les 1.000 Mds de DH», estime le bureau de recherche d’Attijari. Fitch, quant à elle, prévoit que le déficit budgétaire passera de 5,1% du PIB en 2022 à 4,9% du PIB en 2023 et à 4,4% en 2024.

Ceci grâce notamment au plan d'assainissement budgétaire du gouvernement, qui prévoit la transition des subventions vers un système ciblé de transferts monétaires d'ici 2025, la réforme fiscale, la financiarisation des actifs publics (financements innovants) et l'augmentation des dividendes des entreprises publiques. Bank Al-Maghrib a également revu à la baisse ses prévisions de déficit budgétaire de 5% à 4,7% en mars dernier, à la faveur principalement de l’amélioration attendue des rentrées aussi bien fiscales que non fiscales. Tous ces éléments laissent penser que nous nous dirigeons vers un exercice budgétaire 2023 mieux que prévu.

D’ailleurs, lors de son récent passage devant les parlementaires, le ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lekjaa, s’est félicité et s’est montré rassurant quant à la solidité des finances publiques, ouvrant la voie à une nouvelle rallonge budgétaire pour financer de nouvelles priorités. Lekjaa a affirmé que «la gestion rigoureuse des finances publiques, dans un contexte de crises successives qui ont affaibli de grandes économies, doit être un motif de fierté pour le Maroc, lequel a été salué par diverses institutions internationales, notamment les agences de notation internationales (Fitch et Standard and Poor's) qui ont confirmé la stabilité des perspectives des finances publiques du Royaume et de son économie en général».

Comment sera employée la rallonge budgétaire

Le gouvernement a ouvert une nouvelle rallonge budgétaire de 10 milliards de DH pour accompagner plusieurs projets et faire face à la situation économique actuelle. «Tenant compte des marges disponibles au niveau de la dynamique des ressources et des dépenses de compensation, et de l'évolution de la conjoncture qui impose le réarrangement des priorités en matière des dépenses, des crédits supplémentaires préliminaires de 10 milliards de DH ont été ouverts», a expliqué Lekjaa.

Ces crédits sont destinés à l’appui financier de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) à hauteur de 4 milliards de DH, la couverture des dépenses additionnelles de la mise en œuvre du programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (1,5 milliard de DH), la mise en œuvre de la feuille de route stratégique pour le secteur du tourisme 2023-2026 (1,2 milliard de DH) et la couverture de certaines dépenses visant à faire face aux répercussions de la hausse des prix des produits alimentaires sur le pouvoir d’achat des citoyens (3,3 milliards de DH).

Au final, pour le ministre chargé du Budget, la confiance internationale dans la solidité des finances publiques du Maroc doit être consolidée et préservée en poursuivant les efforts de restauration des marges budgétaires, parallèlement à la mise en place de mesures conjoncturelles à même de faire face à la hausse des prix des denrées alimentaires, en plus de la mise en œuvre des réformes sociales nécessaires, de la mobilisation des ressources hydriques et de la promotion des investissements.

 

 

 

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