Les travaux du 3ème Meeting de l'information financière, sous le thème «Finance participative (FP) et Finance verte (FV) comme leviers de croissance pour le Maroc» a rassemblé, pour un débat franc et sans langue de bois, les différents opérateurs financiers marocains relevant des sphères privée et publique.
Dans son allocution d’ouverture, Mohamed Boussaid, qui s’exprimait pour la toute première fois au lendemain de sa reconduction en tant que ministre de l’Economie et des Finances, a mis en exergue l’importance de ce meeting, devenu un rendez-vous annuel de la place financière casablancaise. Devant pas moins de 300 participants, dont des décideurs politiques, des professionnels, des experts, régulateurs, etc. Boussaid a souligné que ces nouveaux instruments financiers (FP et FV), dans le cadre d'une approche intégrée, vont permettre de donner de la profondeur au marché financier et capter de nouveaux profils d'investisseurs.
A propos de la finance participative, le ministre estime que «le développement de cette industrie est de nature à renforcer le rôle du secteur financier dans l’accompagnement de la croissance économique et le renforcement de l’inclusion financière».
Il a réitéré par ailleurs l’importance de l’émergence d’un marché de capitaux participatif, dont la première étape est l’émission souveraine de sukuks, prévue courant 2017.
Karim Hajji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, a de son côté indiqué que la finance participative va permettre d’attirer de nouveaux investisseurs intéressés par ce canal de financement, notamment ceux des pays du Golfe. Ces nouveaux instruments, poursuit Hajji, sont de nature à améliorer la part du marché de capitaux dans le financement de l’économie. «Cette part n’est que de 10% au Maroc, en Europe, elle est de 40%».
Le premier panel consacré à la finance participative a permis de faire le point sur ce qui reste à faire en matière de réglementation, que ce soit au niveau de l’ACAPS (Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale) ou de Bank Al-Maghrib.
Pour cette dernière, le cadre règlementaire est quasiment achevé. Reste à boucler notamment la question du cadre prudentiel, celle des instruments de gestion de la liquidité, et la définition des modèles types de contrats participatifs.
L’ACAPS ne peut pas en dire autant en ce qui concerne Takaful, tant il est vrai que les textes d’applications ont pris du retard. «La réforme du code des assurances a démarré bien après celle de la loi bancaire. Nous fournissons de gros efforts pour combler le retard», a affirmé Othman Khalil Elalamy, secrétaire général du régulateur des assurances.
Mais ajoute-t-il, le circuit législatif étant ce qu’il est, il est «fort probable qu’il y ait un décalage entre le lancement des banques participatives et celui du Takaful». Une éventualité que les professionnels rejettent. Ces derniers plaident pour un lancement conjoint des banques et des assurances participatives, quitte à temporiser le lancement des premières banques. Alors, lancement simultané ou différé ? Cela sera au Conseil supérieur des Oulémas (CSO) de trancher.
En attendant, les patrons de banques sont confiants quant au succès de cette nouvelle industrie. Pour Brahim Benjelloun Touimi, administrateur Directeur général exécutif de BMCE Bank of Africa, la finance participative est un facteur d’inclusion financière. Mais au-delà de cela, le fait que les banques conventionnelles soient au Maroc derrière les banques participatives, et en sont les actionnaires majoritaires, augure du fait que la pénétration de la finance participative sera faite de manière progressive et durable.
«Il n’y aura pas le risque d’une espèce de guerre civile, au détriment du client et de la solidité de notre système bancaire», assure-t-il.
Et d’ajouter : «Il faut rendre hommage à la Banque centrale qui a développé une expérience marocaine de la finance participative. C’est l’assurance que cela va bien marcher».
Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, ne dit pas autre chose, d’autant, précise-t-il, que le partenariat des banques participatives marocaines avec des institutions étrangères, qui ont déjà une expérience dans ce domaine, apportera «une expertise de terrain. Dans les pays du Golfe, la courbe d’apprentissage a joué un rôle, puisqu’il y a eu un démarrage, des rectifications, et aujourd’hui, un niveau de maturité». Ce qui ne peut être que profitable à l’industrie participative marocaine. ■
A.E