L’éducation financière contribue à l'autonomie financière en permettant aux individus de prendre en main leur propre avenir financier, indépendamment des circonstances économiques externes. Au Maroc, le niveau d'éducation financière des citoyens demeure faible, se situant en dessous de la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Par M. Boukhari
Promouvoir la culture financière à tous les niveaux de la société entraînerait une gestion responsable de l'argent, une prise de décision éclairée, ainsi qu'une participation active et constructive à l'économie. Dans ce sens, l’OCDE a publié, jeudi 27 juin, un nouveau rapport intitulé «L’évaluation de la culture financière dans le volume IV du PISA 2022», dans lequel elle appelle les pouvoirs publics à renforcer la culture financière des jeunes, en leur donnant les moyens de mieux comprendre les notions financières essentielles.
La même source indique que «plus des deux tiers des élèves utilisent régulièrement des produits et services financiers, mais le niveau de culture financière reste trop faible pour qu’ils puissent tous éviter les écueils financiers tout en tirant parti des possibilités qui s’offrent à eux». Le rapport, qui examine les compétences financières des jeunes de 15 ans dans 14 pays de l’OCDE et six pays et économies partenaires, montre que de nombreux élèves mènent des activités financières de base à un âge précoce.
De plus, plus de huit élèves sur dix, en moyenne, ont acheté un produit en ligne au cours des 12 derniers mois et 66% ont effectué un paiement avec un téléphone portable. Ils sont toutefois nombreux à ne pas posséder les compétences et les connaissances nécessaires pour prendre des décisions financières avisées : près d’un sur cinq en moyenne dans les pays et économies de l’OCDE participant n’atteint pas le niveau de compétences de base en culture financière, d'après le document. Si nous prenons le cas du Maroc, une récente étude réalisée par la Revue internationale de la comptabilité, finance, audit, management et économie a révélé que sur un échantillon de 1.000 personnes interrogées au Maroc, le niveau d'éducation financière des Marocains demeure faible. Ce dernier se situe en dessous de la moyenne de l'OCDE. En outre, au niveau mondial, le Royaume affiche des performances relativement modestes en matière d'éducation financière, se classant en bas de l'échelle avec un score de 36%.
D'après le rapport de l’OCDE, les pays devraient, notamment, offrir à tous les élèves les mêmes chances d’acquérir une culture financière à l’école, et ce quel que soit leur milieu socioéconomique. L’OCDE juge également nécessaire de lutter contre les inégalités socioéconomiques en matière de compétences et de comportements financiers et favoriser la culture financière dans l’environnement des élèves, y compris par le biais des parents et des camarades.
Une implémentation à grande échelle
Sofiane Gadrim, directeur des nouvelles technologies (CTO) et cofondateur d'Atela, affirme qu’au Maroc, il existe déjà autant d’initiatives qui sont à la fois pertinentes et intéressantes. «J’estime qu’il y a une marge d’amélioration au niveau de l’implémentation. Surtout, cette implémentation doit être à grande échelle. La question financière doit, comme beaucoup d’autres sujets, être enseignée plus tôt pour se révéler efficace. C’est à l’école primaire que tout commence, même si à ce niveau-là une simple sensibilisation semble nécessaire. Cela donne l’impulsion pour la mise en place à partir du collège et lycée d’une réelle éducation financière à destination des élèves. C’est en effet à l’âge où ils sont confrontés à la gestion de leur premier budget qu’il est indispensable que les jeunes disposent de connaissances leur permettant de comprendre les notions de budget, de risque et d’épargne».
Et de préciser : «La Bourse de Casablanca a très bien compris cela en nouant des partenariats avec des universités pour créer des salles de marchés. Notre fintech Atela s’inscrit également dans cette démarche en créant des outils financiers permettant de simuler des optimisations de portefeuilles virtuels, des simulations de stratégies d’investissements. Nous avons développé une plateforme permettant d’organiser des compétitions interuniversitaires qui stimulent l’esprit de compétition des étudiants et leur créativité de manière ludique, tout en apprenant. Tout cela dans le but d’initier les jeunes à ce monde; les étudiants sont le public qui va bientôt commencer à épargner, à investir, c’est maintenant qu’il faut les aider dans ce sens».
Dans la même veine, la Fondation marocaine pour l’éducation financière a, en avril 2023, conclu une convention de partenariat avec le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences et l’Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec) visant à consolider la contribution de ces deux instances au développement des aptitudes financières, notamment des jeunes, des porteurs de projets, des chercheurs d’emploi et des auto-entrepreneurs.