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Déficits jumeaux: l’année 2022 ne déroge pas à la «tradition»

Déficits jumeaux: l’année 2022 ne déroge pas à la «tradition»

Les déficits jumeaux, notamment ceux relatifs aux comptes extérieurs et au Budget général de l’Etat, seront significatifs en 2022.

Il s’agit d’un énième motif pour le gouvernement afin d’accélérer le rythme de mise en œuvre des réformes censées remédier au caractère structurel desdits déficits.

 

Par M. Diao

Le contexte actuel caractérisé par l’exacerbation des conséquences de la guerre en Ukraine, notamment sur la hausse des prix des produits alimentaires et énergétiques, fait visiblement le lit de la dégradation des comptes extérieurs et des finances publiques. Sachant que le Budget général de l’Etat a été fortement chahuté par la crise liée à la Covid-19. Les temps qui courent, marqués par le foisonnement des incertitudes qui donnent le tournis aux politiques, sont-ils de nature à conforter le caractère structurel des déficits jumeaux au Maroc ? Au regard des dernières prévisions et des chiffres relayés par la Banque centrale, qui a tenu récemment son troisième Conseil de l’année 2022, l’on est tenté de répondre par l’affirmative.

Pour cause, l’Institut d’émission, qui a resserré sa politique monétaire par l’augmentation de 50 points de base du taux directeur à 2%, table sur un déficit du compte courant qui se situerait autour de 3,2% du PIB en 2022. Pour rappel, le déficit du compte courant avait atteint en 2021 plus de 29,1 Mds de DH (contre 13,4 milliards de DH un an auparavant), soit une hausse de 15,7 Mds de DH, selon les données de l'Office des changes portant sur la balance des paiements.

Dans le détail, pour l’année en cours, le niveau du déficit du compte courant devrait être la résultante d’une hausse des exportations de 34% (tirée essentiellement par les ventes de phosphate et dérivés qui atteindraient 144,5 Mds de DH et celles du secteur automobile à près de 100 Mds de DH) et d’une progression des importations de 34,5%, sous l’effet de l’alourdissement de la facture énergétique à 135,1 Mds de DH et de l’accroissement des achats des demi-produits à 167 Mds de DH. La persistance du déficit commercial est traduite par les dernières données de l’Office des changes faisant état d’une hausse du déficit du solde commercial de 56,1% à fin août 2022 par rapport à la même période en 2021. Le déficit commercial s'établit ainsi sur les huit premiers mois de l'année à 214,76 Mds de DH.

Cette contreperformance commande l’accélération de la mise en œuvre de la politique publique portant sur la substitution des importations par la production locale. «Les fluctuations des cours des produits énergétiques montrent plus que jamais l’impératif pour le Royaume de mettre le turbo afin de réduire son taux de dépendance énergétique élevé qui frôle les 90%», confie l’économiste Mehdi Lahlou. Cette donne décrite par notre interlocuteur est, à l’évidence, un handicap de taille pour un pays comme le Maroc, qui nourrit l’ambition de garantir sa souveraineté dans les domaines de l’industrie, l’agroalimentaire et les produits de santé... Par ailleurs, concernant les autres composantes du compte courant pour 2022, BAM prévoit une nette amélioration des recettes voyages à 79,8 Mds de DH ainsi que celle des transferts des MRE de l’ordre de 100 Mds de dirhams sur l’ensemble de l’année.

 

Un déficit budgétaire toujours supérieur à 5% du PIB

 Il ressort des chiffres diffusés par BAM que la bonne performance enregistrée au niveau des recettes ordinaires (+24,5%) en raison de l’accroissement des rentrées fiscales au cours des huit premiers mois de l’année, n’a pas suffi à atténuer l’impact de l’inflation substantielle des dépenses liées à la Caisse de compensation. A ce titre, après s’être établi à 16,1 dollars/mmbtu (million de British Thermal Units) en 2021, le cours du gaz naturel en Europe s’est situé à 39,3 dollars en moyenne sur les huit premiers mois de l’année.

Pour leur part, les prix des produits alimentaires devraient aussi terminer l’année sur une hausse moyenne de 15,4%. Les dépenses globales du BGE ont flambé de 13,1% sur les huit premiers mois de l’année. Bank Al-Maghrib suggère que le déficit budgétaire passerait de 5,9% du PIB en 2021 à 5,5% en 2022 avant de s’atténuer à 5,0% en 2023. «L’ampleur du déficit budgétaire prévu est un réel motif pour l’accélération de la mise en œuvre des réformes nécessaires pour la rationalisation des dépenses publiques et l’édification d’un système fiscal à la fois plus rentable et équitable. Ce qui suppose l’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre l’informel et la fraude fiscale», conclut Lahlou.

 

 

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