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Crédit bancaire/croissance : Jouahri : «Un léger mieux»

Crédit bancaire/croissance : Jouahri : «Un léger mieux»

Abdellatif jouahri

Il y a bien longtemps que le wali de Bank Al-Maghrib n’a pas eu de bonnes nouvelles à annoncer à l’issue du Conseil trimestriel de la Banque centrale.

Croissance revue légèrement à la hausse et crédits bancaires qui frémissent à la hausse, laissent entrevoir des signaux de reprise de l’activité économique qui restent toutefois à confirmer.

«Un léger mieux» ! C’est en ces termes que Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), résume l’évolution de la situation économique nationale de ces derniers mois. En effet, le non-agricole (industries, services) a fait mieux que prévu, puisqu’il se bonifiera de 2,9% cette année, obligeant la Banque centrale à réviser à la hausse sa prévision de croissance pour 2016 : au lieu des 1,2% de croissance pronostiqués en juin dernier, les analystes de BAM tablent désormais sur une croissance de 1,4% pour l’année qui s’achève. Pas de quoi sauter au plafond certes, mais cette note d’optimisme reste tout de même la bienvenue dans le marasme économique ambiant. Mieux, 2017 devrait confirmer cette tendance positive. BAM prévoit en effet une croissance du PIB de 4%, dopée par le non-agricole qui reprend quelques couleurs (3,2%) et dans l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne de 70 millions de quintaux (seulement 38 millions de quintaux en 2016). «Un léger mieux» également, toujours selon les dires du gouverneur, au chapitre du crédit bancaire. A fin juillet, les crédits au secteur non financier se sont améliorés de 3,2%. Pour 2016, ils devraient progresser de 3% au lieu des 2,7% prévus en juin dernier. Ces signes d’amélioration des crédits à l’économie sont cependant à confirmer sur une période plus longue. Jouahri se montre «optimiste pour la continuation de cette tendance, que ce soit pour la distribution de crédit aux entreprises ou au ménages». Mais ce qui le réjouit le plus, c’est de voir que la transmission de la politique monétaire est bonne et se répercute sur les taux d’intérêt appliqués par les banques à leurs clientèles. En effet, favorisées par la concurrence dans le secteur bancaire, les réductions du taux directeur de 75 points de base depuis le troisième trimestre 2014 se sont traduites par une baisse du taux débiteur global de 79 points de base. Le wali de BAM se félicite également que les banques, notamment les plus grandes d’entre elles, lorgnent de plus en plus la très petite entreprise (TPE) et les autoentrepreneurs. «Nous nous en réjouissons, souligne-t-il, car cela permet de lutter contre l’informel et le chômage». Seule ombre au tableau, l’inexorable montée des créances en souffrance. «Bien sûr que c’est un souci», lance Jouahri, «mais nous espérons que l’environnement changera et que le problème des délais de paiement puisse être résolu pour que la trésorerie des entreprises soit soulagée et que le paiement des échéances se fasse à temps». C’était d’ailleurs l’une des propositions phares du mémorandum adressé en mai dernier au gouvernement par

BAM, le GPBM et la CGEM. Un mémorandum dont Jouahri avoue n’avoir pas reçu de nouvelles. Le wali n’en dira guère davantage, arguant malicieusement qu’«un mot de ma part en période électorale pourrait être mal interprété». Le gouverneur de la Banque centrale n’a pas manqué de revenir sur le dossier des banques participatives. Face à l’impatience de certains opérateurs, il oppose la nécessité de bien ficeler l’ensemble de l’écosystème participatif avant toute chose. L’émission de Sukuks souverains est ainsi un préalable. «Nous y travaillons avec le ministère des Finances», souligne-t-il à ce sujet. Par ailleurs, deux autres demandes d’agrément viennent tout juste d’atterrir sur la table de la Banque centrale, tandis que le Conseil supérieur des Oulémas n’a toujours pas validé la circulaire sur les 5 produits participatifs que les futures banques islamiques pourront commercialiser. Patience donc. Enfin, au chapitre des indicateurs macroéconomiques, les comptes extérieurs devraient poursuivre leur amélioration avec un rythme toutefois moins marqué que celui prévu en juin. La faute à une hausse importante des importations, en particulier celles des biens d’équipement. Au final, sous l’hypothèse d’un baril de pétrole à 42,4 dollars en 2016 et de 45,4 dollars en 2017, et l’entrée de dons des pays du Golfe de 8 milliards de dollars en 2016 et 2017, le déficit du compte courant a été révisé à 1,9% du PIB en 2016 au lieu de 1,2% prévu en juin (1,2% en 2017). Les réserves internationales nettes assureraient ainsi la couverture de 7 mois et 6 jours d’importations à fin 2016 (7 mois et 20 jours à fin 2017). Quant au déficit budgétaire, il devrait avoisiner 3,8% du PIB en 2016 et s’alléger davantage à 3,2% du PIB en 2017.

A. Elkadiri

Régime de change flexible

Pas avant 2017

Alors que la réflexion était menée pour aboutir à une première étape de la flexibilité du taux de change cette année, la Banque centrale a annoncé le report de sa mise en œuvre à 2017, précisément au deuxième semestre. Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, préfère en effet sensibiliser la communauté financière sur cette question et ses impacts. Des réunions sont ainsi prévues avec le Patronat, le ministère des Finances, ou encore la société civile et les opérateurs économiques. Jouahri a tenu à rappeler que le benchmark montre que la majorité des pays qui est passée à un régime flexible, l'a fait dans l'urgence en période d'assèchement des devises. «Au Maroc, nous avons la chance de mener cette transition avec un matelas intéressant de réserves internationales nettes», indique le wali.

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